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SOUVENIRS

se vouer avec tant d’intérêt passionné à une science ennemie de l’homme terrestre et limitative de ses droits ! »

À l’inquiétude contemporaine que n’apaisent pas des théories précaires ou des hypothèses impuissantes, la philosophie thomiste propose ses conciliations. Cela expliquait la présence parmi nous d’un philosophe qui, selon les mots de M. Dalbis. « par le classicisme de son verbe et la sûreté de sa dialectique, peut nous mener le plus sûrement sur le chemin de la certitude où la science des hommes se confond avec la sagesse de Dieu » !

N’était-ce pas une évasion semblable que proposait, dès le début, l’éloquence imagée de Jean Brunhes. Du sol, nettement défini par ses traits géologiques, le maître faisait germer la floraison humaine. Sa géographie était cordiale, comme furent plus tard celles de Georges Duhamel et de Maurice Bedel. Qu’on relise son admirable ouvrage, qui amorce l’Histoire de la Nation française, où il rappelle les travaux, les couleurs et les jeux dont le faisceau réfléchit le visage de la France.

De ce jour, l’Institut était engagé. En vue de répondre aux besoins des Facultés et des Écoles qui diffusent le droit, les sciences politiques, économiques et sociales, la philosophie, l’histoire et la géographie, les lettres et les beaux-arts, la pédagogie, les sciences et les arts appliqués, l’urbanisme, il déborda décidément le cadre des sciences exactes pour s’associer toutes les disciplines du savoir humain. Et cela devait l’amener à dépasser le domaine des universités pour toucher les écoles spécialisées, l’enseignement secondaire, les sociétés scientifiques et littéraires.

J’ai expliqué dans un précédent chapitre