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MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE

parties, qui prétendaient écarter toute préoccupation d’ordre militaire, réglaient leurs relations économiques comme bon leur semblait. Elles disposaient, notamment, de leurs dettes de guerre et s’accordaient le traitement de la nation la plus favorisée. Ce fut un beau tapage.

Quelques délégués s’accommodèrent de la nouvelle situation ; d’autres, et c’était le plus grand nombre, en étaient littéralement éberlués. Tout de suite, les nations réagirent, sauf peut-être l’Italie, et dans une note sévère, on exigea la dénonciation du Traité de Rapallo, ce qui ne fut d’ailleurs pas exécuté. L’Allemagne se contenta des avantages qu’elle avait acquis et ne s’affligea pas de se voir exclue des pourparlers qui continueraient avec la Russie.

***

La Conférence se détend quelques jours. Certains délégués, proches de chez eux, en profitent pour prendre l’avis de leur gouvernement, tel M. Barthou qui se hâte vers Paris pour consulter le président du Conseil, M. Poincaré, dont l’absence à Gênes était paralysante au dire de quelques observateurs. D’autres entreprennent de courtes visites de l’Italie, au gré de leurs tendances. Nous sacrifions Florence et Venise au bénéfice de Rome, où je souhaitais être admis auprès du Pape.

Nous voyageons de jour. Le train court assez longtemps à travers les rochers de la côte et traverse une série de tunnels qui font alterner l’ombre avec la lumière épandue sur la mer. Ces douze heures de chemin de fer ne nous paraissent pas longues dans ce paysage qui nous intéresse.

Une gerbe de roses illumine notre arrivée à l’hôtel. C’est l’accueil de Madame Falchi, Cana-