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Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (première édition).djvu/10

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Le génie avait le cœur tendre
Et plus souvent il consolait.
Sa bonté savait condescendre
Et se montrer quand il fallait ;
Lorsque trop fort soufflait la brise,
Il mettait un feston d’argent
Aux franges de la vague grise
Et son oracle était : « changeant ».
Quand la lune sous un nuage
Dérobait son grand œil moqueur,
Elle disait dans un mirage :
« O guerrier, tu seras vainqueur ».
Mais pour payer le bon office
De l’esprit sauvage et puissant,
Il fallait faire un sacrifice
Qu’il exigeait une fois l’an.
Il voulait une fiancée,
Qu’il venait lui-même quérir
Dans une pirogue élancée,
Qui seule au vent savait courir.
C’était un canot sans pilote,
Qu’un soir on voyait approcher,
Aux abords d’une sombre grotte,
Où des fauves allaient nicher.
Et c’était toujours la plus belle
Que l’égoiste dieu voulait.
Mais à cette noce cruelle
La tendre victime accourait…
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