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Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (première édition).djvu/15

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Dans la forêt qui semble morte,
La nuit, lorsque s’est tu l’oiseau,
En son cœur le sauvage porte
Sa haine comme un clair flambeau.
Ses pieds écrasent des corolles
Humides des larmes du soir….
Leur parfum, plainte sans parole,
Avive, exalte son espoir :
Un penser de vengeance emporte
Le guerrier par monts et par vaux,
Mais la prudence aussi l’escorte,
Qu’il soit sur la terre ou les eaux ;
Pour se poser sans bruit dans l’ombre,
Son pied léger n’a pas d’égal…
De moyens, de ruse sans nombre
Il possède un riche arsenal :
Il peut imiter la cadence
De la chouette au cri sépulcral,
Du goléand qui se balance
En cueillant son repas frugal ;
Il sait la plainte langoureuse
Du héron couleur de roseau,
A l’allure morne et peureuse,
Pêchant discret au bord de l’eau ;
Du grand bois, de ceux qui l’habitent
Il a pris plus d’une leçon ;
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