Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/143

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Malgré moi j’ai senti ma force défaillante,
et j’approche de tes genoux
comme fait de l’autel la branche suppliante.
Hélas, que le soleil est doux !
Laisse-moi vivre encore, ô mon père, ô mon père !
Eh quoi ! Déjà serait-ce assez ?
A peine florissante, irai-je sous la terre
avec les pâles morts glacés ?
Pour la première fois, c’est ma bouche enfantine
qui t’a donné le plus doux nom ;
alors tu me pressais, père, sur ta poitrine,
sans songer au sort d’Ilion ;
alors tu me disais : te verrai-je, ma fille,
dans la demeure d’un époux,
heureuse, et dans un rang digne de ta famille
vivre et briller aux yeux de tous ?
Et je te répondais : qu’un dieu daigne m’entendre !
Que je reçoive en mes foyers
mon père vieillissant, et puissé-je lui rendre
sa peine et ses soins nourriciers !