Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/44

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de voir s’évanouir ma puissance naissante,
assaillirent mon âme et m’aveuglèrent tant
que j’ai promis la mort de ma fille innocente,
les droits de la nature enfin se révoltant
m’ont dessillé la vue et j’ai connu mon crime.
Sur l’autel d’Artémis manquera la victime,
et tu pâlis de rage, et tu n’es pas content !
Je ne suis qu’à blâmer, dis-tu ? Toi qui ne cesses
de soupirer après de honteuses mollesses,
qui pour l’honnêteté ne montres que mépris,
d’une femme adultère indignement épris,
es-tu sage, en effet, et faut-il qu’on t’admire ?
Voilà brièvement ce que j’avais à dire,
et si tu ne veux pas te rendre à la raison,
moi, je saurai du moins gouverner ma maison.
Quant à tous ces serments exigés par Tyndare,
ce sont propos d’amants que le désir égare,
et pour un esprit sain, c’est outrager les dieux
que de se figurer qu’il les estiment mieux.
Non violant les lois du ciel et de la terre,