Page:Moréas - Poèmes et Sylves, 1907.djvu/222

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s’agite tristement et doucement soupire !
Ainsi par un beau soir, au milieu de la plaine,
la tige que le vent bat d’une tiède haleine.
Grand honneur mantouan, harmonieux Virgile,
telle sur son passage une onde au cours tranquille
favorise les plants de son humeur nourris,
telle la docte voix de ton plectre rendue,
d’âge en âge épandue,
elève la vertu des intègres esprits.
Et toi Dante qui sus, égalant les antiques,
hausser le faible essor de tes muses gothiques,
tant tu avais le cœur de Calliope plein,
dans la grave douceur de tes divines rimes,
du grand Parnasse saint tu gravis les deux cimes
pour chercher le chemin du paradis chrétien.
ô mes maîtres chéris, à vos leçons docile,
j’osai faire parler les mânes d’Eriphyle ;
veuille donc, Apollon, illustre entre les dieux,
renflammer tout soudain ma fureur languissante.