Page:Moréas - Trois Contes, 1921.djvu/13

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La belle Monna Jeanne passa le premier été de son veuvage à la campagne, dans une propriété voisine de la métairie de son ancien soupirant. Et d’aventure, le fils de la dame vint à rencontrer Frédéric, se lia avec lui et admira tant son faucon, qu’il n’avait plus que le désir de ce bel oiseau. Mais il n’osait le demander, présumant de l’affection que son maître lui portait.

Sur ces entrefaites, le jeune garçon devint malade. Il empirait, et sa mère qui le chérissait et qui n’avait que lui, allait s’asseoir près de son lit, cherchant à le réconforter et lui demandant sans cesse s’il désirait quelque chose.

— Mon enfant, soupirait-elle, parle-moi, et je ferai tout au monde pour te contenter.

— Eh ! bien, ma mère, dit soudain le malade, je désire avoir le faucon de Frédéric.

Ces paroles gênèrent fort Monna Jeanne, et elle se prit à penser :