Page:Moréas - Trois Contes, 1921.djvu/29

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les autres à dîner et à souper et le temps passait.

Mais le souvenir de la cruelle Laura le tourmentait toujours, et souvent la nuit il s’en allait seul à travers une prairie émaillée de belles fleurs et baignée d’eaux vives, parlant à la lune selon la coutume des amoureux.

Un jour, qui était un vendredi, pendant qu’il se tenait au milieu de la prairie, tout occupé de ses tristes pensées, il lui sembla qu’il entendait de grandes plaintes, et, tournant la tête, il fut fort étonné de voir sortir d’un petit bois une très belle femme qui courait échevelée. Le corps de cette femme était tout déchiré par les branches et les buissons épineux : elle pleurait et criait merci tant qu’elle pouvait.

Deux chiens de forte taille, de ceux que nous appelons mâtins, la poursuivaient et la mordaient cruellement. Octave vit aussi, avec un nouvel étonnement, venir, monté sur un cheval noir, un chevalier brun de visage et