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TRAITE DES NOIRS.

des soins qu’ils doivent leur donner : qui plus que nous, ajoutent-ils, a intérêt à leur conservation ?» Oui, cela est vrai, mais le charretier en dit autant de ses mulets qu’il assomme de coups à la première colère»

Le code noir est repoussé des colonies où la traite est encore en vigueur, comme s’il était aussi une production incendiaire de la philantropie. Il a été remplacé par une multitude d’ordonnances injustes et ridicules, qui forment aujourd’hui la seule législation en vigueur. Toutes ces lois faites par les blancs contre les noirs ont le même caractère d’injustice et d’inhumanité ; elles sont écrites en lettres de sang : tout noir accusé est censé coupable et puni comme criminel avec une rigueur qui n’existe dans nul autre pays. On trouvera de plus amples détails sur toutes ces horreurs dans les chapitres suivants qui traitent particuliérement de la législation et de la justice des colonies.

L’on a vu mourir tout récemment au bagne de Brest (vers la fin de mars 1827) le nègre Regis, condamné aux galères à perpétuité par la cour prévôtale de la Martinique, comme soupçonné d’avoir pris part à des empoisonnements. Il existe encore dans le même bagne le nommé Raymond, mulâtre condamné aussi comme véhémentement soupçonné d’avoir