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ESCLAVAGE COLONIAL.

empoisonné des personnes qu'on ne désigne point

Le même esprit anime le despotisme des colons, et les noirs esclaves sont moins protégés que les simples animaux domestiques ; car tout blanc a le droit de maltraiter un nègre comme bon lui semble, sans être tenu de justifier sa conduite devant qui que ce soit, d’après le principe universellement adopté dans nos colonies, qu’un blanc ne peut avoir tort vis-à-vis d’un noir ou d’un homme de couleur. Lorsqu’un colon est condamné pour blessures graves faites à un nègre, ce n’est jamais que d’après le tort, et proportionnellement au dommage que cette violence a pu occasionner au maître de l’esclave ; ainsi un blanc, dans nos colonies, est une espèce de despote qui ne peut faillir. Il n’en est plus de même chez les Anglais, où l'on a vu un membre du conseil royal de l’île Tortola, l’honorable Arthur Hodge, condamné à mort et exécuté pour avoir commis le meurtre d’un esclave[1].

Tant d’injustices et de tyrannie ont du porter le désespoir dans l’âme des noirs, et provoquer la résistance ; telle est la cause première de toute

  1. Voy. le sixième Rapport de l’Institution africaine, 1812, p. 59