Page:Moréri - Grand dictionnaire historique, 1716 - vol. 1.djvu/31

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ticles, dont on trouvoit quelque choſe dans l’Auteur. On n’entreprendra pas ici d’en donner une liſte à part, tirée de toutes les lettres de l’Alphabet : on marquera ſeulement quelques Articles de l’A. Le Lecteur pourra voir Abaddir, Abulſeda, Achelous, Acheren, Adad, Ades, Agapetes, Aidonée, Alcide, Alexandre d’Alexandrie, Amalthée, Anabaptiſtes, Anaclet, Angerone, Antée, Aquaviva &c. On peut dire que quoi que ces Additions ne ſoient pas longues, elles contiennent preſque toutes des circonſtances remarquables. La troiſiéme ſorte d’Additions regarde les Auteurs, qui ont traité des matiéres, dont il étoit parlé dans ce Dictionaire. Souvent le Sr. Moreri citoit à la fin des Articles d’aſſez mauvais Auteurs ſur ce qu’il diſoit, & quelquefois même il n’en citoit point. On a très-ſouvent ſuppléé à l’un & à l’autre de ces défauts, qu’on ne doit pas neanmoins toûjours imputer à ſa négligence. Depuis qu’il eſt mort, il s’eſt imprimé grand nombre de bons Livres, ou l’on traite des faits dont il avoit parlé. On a eu ſoin de les ajoûter, afin que les Lecteurs ſuſſent où l’on peut trouver de plus grands éclairciſſemens ſur ces faits : mais on n’a pas diſtingué ces Additions des autres, parce qu’on n’a pas crû, que cette diſtinction fût d’aucune importance.

V. On auroit pu encore mettre à la tête de ce Dictionaire, ce qui devroit être à celle de preſque toutes les Editions des Livres, que l’on retouche. C’eſt qu’il a été augmenté & diminué, ſans qu’il y ait aucune contradiction en cela. On n’a pas crû que dans un Livre, où l’on ne rapporte que très-rarement les propres termes d’aucun Hiſtorien, on dut laiſſer les citations des vers de quelques Poëtes communs, comme Virgile, Horace, Ovide &c. Il ſuffit de marquer l’endroit où ces Poëtes ont parlé de ce dont il s’agit, comme on en uſe à l’égard de ceux qui ont écrit en proſe ; ſans quoi l’on ſeroit obligé de citer par tout & de faire dix Volumes in folio, au lieu de deux. Le Sr. Moreri a cru qu’il y avoit de l’élégance à citer ces vers ſans néceſſité ; mais c’eſt une vaine affectation d’élegance, où il ne faut que de la brieveté & de l’exactitude.

On auroit encore pû retrancher entierement l’Article d’Orange, puis que l’on en avoit un autre, compoſe par une perſonne verſée dans la génealogie de cette illuſtre Maiſon. Mais on a mieux aimé laiſſer ſubſiſter l’ancien Article & y joindre le nouveau, que de donner lieu aux ſoupçons de ceux qui pourroient s’imaginer, que l’on eut commis quelque infidelité, dans une occaſion auſſi importante que celle-là.

On a auſſi tâché de retrancher les répetitions ſoit d’injures, ou de louanges ; mais on a laiſſé ſuffiſamment des unes & des autres, pour reconnoître quel étoit le ſentiment de l’Auteur, comme on le peut voir dans Luther, Calvin, Gaſſendi &c. Les ſuperlatifs perpetuels, en louant & en blâmant, ont été très-ſouvent changez en poſitifs ; & les réflexions perdues de Morale, ou de Controverſe, ont été retranchées, en ſorte néanmoins que la ſuite du diſcours n’en a point été rompue, ni aucun fait ôté. Quand on entend parler de quelque retranchement, on s’imagine quelquefois d’abord que l’on a mutilé un Livre, & que l’on en a oté ce qui ne s’accommodoit pas à la paſſion, ou à l’interêt du Parti de ceux qui l’ont fait. On convient que cela eſt ſouvent très-veritable, mais on peut aſſurer, avec encore plus de verité, que l’on n’a conſulté ni paſſion, ni interêt, dans la reviſion de ce Dictionaire. Il y avoit ſi peu à craindre, ou à eſperer pour moi, en y travaillant, que rien ne m’a determiné, que la ſeule vûe de la Verité, autant qu’elle m’a été connue, & que les ſeules regles du Bon Sens, autant qu’il m’a été poſſible de les obſerver. Ceux qui connoiſſent la Hollande, & la maniere dont on y vit, n’en douteront aſſurément point ; & ceux qui ne ſavent ce que c’eſt pourront s’aſſurer que je dis ici la pure verité en conſultant les Articles où ils pourront ſoupçonner que l’on auroit fait quelque changement contre la verité de l’Hiſtoire, par paſſion, ou par interêt.

C’EST là tout ce que j’avois à dire, de cette Edition, ſi ce n’eſt qu’il faut que j’avertiſſe encore le Lecteur que ce n’eſt pas moi, qui ai révû les Epreuves de cet Ouvrage ; dont les trois quarts ont été imprimez hors d’Amſterdam, & dont la partie, qui a été imprimée ici, a été corrigée par un autre. Ce n’eſt pas que je veuille accuſer les Correcteurs, mais c’eſt qu’il eſt juſte qu’on ne m’attribue pas ce qui pourroit être demeuré ici de fautes d’Imprimerie, dont eux-mêmes ne ſont peut-être pas coupables. Un Livre de cette groſſeur, n’eſt pas un Livre à relire, pour en faire un Errata ; il n’y a qu’une autre Edition, & de meilleurs Compoſiteurs & Correcteurs, qui puiſſent remedier à cela. Je marquerai neanmoins deux ou trois endroits, qui auroient dû être plus corrects, ou qui ont été corrigez contre ma penſée. Dans l’Article de Jean de Barros, le Sr. Moreri avoit dit très-bien & très-veritablement, qu’il avoit écrit l’Hiſtoire des Rois Ferdinand & Iſabelle, & je ne ſai pourquoi on a mis de Ferdinand Roi de Portugal & d’Iſabelle. Cela m’a fait penſer que bien des fautes, que j’ai corrigées, n’étoient peut-être point de lui ; & en cas que je me ſois trompé, en lui en attribuant quelques unes qui ont été faites par ſes Reviſeurs, j’en fais dès à preſent réparation à ſa mémoire. [Cette faute qui étoit dans la VI. Ed. a été corrigée, dans les autres.]

ON auroit ici fini cet Avertiſſement, ſi, pour ne pas laiſſer trop de blanc, on n’avoit jugé à propos d’ajoûter quelque choſe de la vie de l’Auteur, qui étoit inſerée dans le Supplément, & qui étoit faite ſur le modele de celles des deux autres Volumes. I. Il étoit d’abord dit qu’il a rendu ſon nom immortel, ce qui eſt d’un ſtile un peu trop fort. On a mis, qu’il s’eſt rendu célebre, termes plus modeſtes. 2. Après les mots de Dictionaire Hiſtorique, il y avoit : Dont il eſt l’Auteur & dont ce troiſiéme Volume eſt le Supplément. La diſpoſition de cette Edition ne permettoit pas que l’on parlât ainſi, & au lieu des paroles inutiles, dont il eſt l’Auteur, & qui ne ſont pas même vrayes, dans toute leur étendue, on a mis : qu’il a commencé & que d’autres ont corrigé & augmenté. 3. Il étoit dit que l’Auteur s’applica fort à l’intelligence de la Langue Greque, de l’Italienne, & de l’Eſpagnole. On a ôté la Greque du nombre de ces Langues, auſquelles le Sr. Moreri s’applica ; parce qu’on a reconnu par tout ce Dictionaire, qu’il ne ſavoit apparemment que lire cette Langue. Il n’entendoit la Latine, que très-mediocrement. Le Lecteur en a vu d’aſſez fortes preuves, dans cette Préface. 4. Mais le Panegyriſte de nôtre Auteur avoit bien plus outré la matiére dans la ſuite, où il parloit ainſi : Il avoit de grands talens, pour executer heureuſement cette entrepriſe, car il s’étoit attaché fortement à l’étude de l’Ecriture Sainte, des Peres & des Docteurs de l’Egliſe, des Conciles & des Hiſtoriens Eccleſiaſtiques. Il avoit lû avec ſoin les Hiſtoriens & autres Auteurs profanes anciens & modernes : les Géographes, les Chronologues & les Mythologiſtes. Il étoit ſavant dans les Langues, éloquent & très-judicieux. C’eſt la ſuivre parfaitement la méthode du Sr. Moreri, qui a fait en mille endroits des gens incomparables, d’Auteurs dont la Science étoit fort au deſſous de la mediocrité. Il n’avoit aucune étude de l’Ecriture Sainte, qu’il ſemble n’avoir lûe que dans Torniel & dans Salian, ou dans quelque Verſion Françoiſe de Joſeph. On en a vû des marques ſenſibles. L’Hiſtoire Eccleſiaſtique ne lui étoit connue que par Sponde, & quelques endroits de Baronius, qu’il avoit traduits pour ſon Dictionaire. S’il cite les Peres, ce n’eſt

qu’après ces Auteurs, ayant été incapable de les entendre, comme on n’en peut pas douter, après ce que l’on

a vû