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ZEM. ZEN.

que Von nomme pingoins, mettant la plume en dehors. Ils font armez de flèches, dont la pointe ett garnie d’os de poilTons. Ils font de petits bateaux de dix à douze pieds de longueur, avec des côtes & des peaux de poiflbns ; & cet aflemblage eft fi léger qu’un Zemblien fe voyant pourfuivi fur l’eau charge furfes épaules fon bateau Se f ;s rames & fe fauve fur terre. Ils adorent le Soleil & la Lune , & des troncs d’arbres qu’ils taillent groffierement en figures d’hommes , devant lefquels ils font leurs prières à genoux. On trouve dans les Mers, qui baignent les côtes que ces Peuples habitent, divers monltres marins, & entr’autres ceux que les Hollandois appellent IValrufftn ou Morfen , que d’autres nomment des Chevaux ou des Elephans de Mer ; ces poilfons font plus grands & auffi forts que nos bœufs, ils ont la peau femblable à celle d’un chien marin, le poil fort court & la gueule aprochante de celle d’un Lion , d’où fortent deux défenfes ou dents qui ont la blancheur de l’ivoire , & qui ont deux pieds de long. Ils n’ont point d’oreilles, mais ils ont quatre pieds ; ils n’engendrent qu’un ou deux petits Walrus, ils fe plaifent à fe rouler fur la glace & dès qu’ils voyent arriver les pêcheurs, ils jettent leurs petits dans la Mer & s’attachent aux barques de ceux qui les pourfuivent. *Geogr. Blaeu. La Martin. Voyage des Pais Septentrion.

ZEMBLIN, Ville & Comté dans la haute Hongrie , appartenante à la Maifon d’Autriche.

ZEMBRA , Lac d’Afrique vers le commencement du Nil : & une rivière dans le Monoraotapa. Elle eft divifée en trois branches qui font Cuama , Spiritu-Santo, & Los Infantes.

ZEMONICO, Place fortedelaDaImatie,àfept milles de Zara. En 1573. les Vénitiens la cédèrent au Grand- Seigneur : mais en 1647.1e Provediteur Fofcolo , confîderant lesdefordres que les Turc ? de Zemonico caufoient aux environs , réfolut de les en chaiTer & reprit ce Fort qu’il fit démolir, après en avoir tiré les munitions de guerre & de bouche. En i68z. Affan BeghDurach.fuivi d’un bon nombre de Turcs, tenta de s’y . rétablir , mais il périt dans cette entreprife , & fut défait par les Morlaques.

  • P.Coronelli, DefcriptiondelaMorée. SUP.

„ . ZENl AL , fils d’Ufum-Caffan , Roi de Perfe , qui fut envoyé par fon père avec une puiHante armée en 1473. pour attaquer Trebizonde. Ce jeune Prince fut d’abord vifloricux. Car entrant dans la Cappadoce,il défit 40000, Turcs commandez par Cafamoiat Bâcha qu’il fit prifonnier, il mit enfuite en déroute Mahomet Bâcha qu’il rencontra un peu plus avant dans le même Royaume, à la tête de 35000 hommes. Ces heureux fuccès lui ayant enflé le courage il voulut en venir aux mains avec Mahomet II. en perfonne,qui lui tailh en pièces toute fon armée, & le tua lui-même dans la chaleur du combat. Cette bataille épuifa les forces de Mahomet & abatit le courage d’Ufum-CalTan. *Boiflat, Hiftoire de Saint Jean de Jerufalem l. 6.

ZENLCETE , Pirate fort renommé , lequel ayant occupé le Mont Olympe , ù il avoit bâti une ForterelTe , ruinoit par fes courfes continuelles la Lycie , la Paraphylie & la Pifidie ; mais il fut enfuite défait par P. Servilius, furnommé YJfaurique : Et fe voyant forcé , dans fa retraite, & fur le point d’être pris , il fe brûla avec toute fa maifon, * Strabon , liv. 14.

S.ZENOBE.ou Zenobius, Evêque de Florence, étoitiflu de l’illuftre fcmille des Hieronymcs , qui fubufte encore aujourd’hui à Florence. Lorfqu’il eut dix-huit ans ,il fe mit au rang des Catéchumènes , dont fes parens étoient du nombre ; & fut baptifé à l’âge de vingt ans par î’Evêque S. Théodore. Il reçût enfuite les moindres Ordres ,& fe diftingua tellement par fa pieté & par fon mérite, que I’Evêque de Florence le fit Archidiacre de fon Eglife. Il avoit alors trente -deux ans , 8r comme il étoit éloquent & rempli de zélé , il s’adonna à la Prédication , où il réuffit merveilleufement. L’Eglife en ce tems-là étoit fort tourmentée par les Ariens. S. Hilaire avoit été chaifé de Poitiers , & banni en Orient. S. Athanafe étoit perfecuté , en tous les lieux où ilfe refugioit. Les Prélats aflemblez en 359.au Concile d’Antioche,& de Rimini, avoientprefque tous été forcez defoufcrire à desprofeflTionsdeFoi , ou Hérétiques, ou captieufes : & comme dit S. Jérôme , prefque tout le monde Chrétien s’étonnoit de fe voir devenu Arien. Ce fut dans cette fatale conjoncture, que S.Zenobe s’arma d’un zèle intrépide , pour la défcnfe de la venté. Il réfuta l’Arianifme , maintint l’autorité du Concile de Nicée , & montant tous les jours en Chaire il fortifia les Catholiques dans la Foi. Une montra pas moins décourage, lorfque Julien l’Apoftat étant parvenu à l’Empire en 361. voulut détruire le Chriftianifme,& rétablir le culte des faux Dieux. Il publia hautement l’impiété & l’apoftaiie de ce Tyran,8£ anima les Catholiques à foûtenircourageufement cette perfécution. II fe rendit fi confiderable , que faintAmbroife, Evêque de Milan , voulut faire amitié avec lui ; & étant allé à Rome , ne pût s’empêcher de faire fon éloge au Pape S. Damafe, qui manda S. Zenobe auprès de fa perfonne,& le créa Diacre de l’Eglife Romaine , qui eft ce qu’on a depuis appelle Cardinal Diacre. Peu de tems après , il fut envoyé à Conftantinople comme Légat du S. Siège , pour y maintenir la Foi Orthodoxe contre les eflforts des Hérétiques. A fon retour ,il fut élu Evêque de Florence , où le Clergé &lePeuple le reçurent avec unejcyeSc luie magnificence extraordinaire. On vit éclater toutes les vertus dans la conduite de ce S. Evêque ; 8c les miracles qu’il fit lui attirèrent la vénération de tout le monde. Après avoir fait tant de belles adiions , il mouiutlez 5.Maideran407. Son corps fut porté dans la Chapelle de S.Laurent hors de la Ville de Florence que l’on appelloit Y Amhrofienne , parce que S. Ambroife l’avoit dédiée. C’étoit où il fe retiroit fouvent pendant fa vie, pour avoir des communications particulières avec Dieu, & où il avoit ordonné qu’on le portât après fa mort : mais l’année fuivante il fut transféré en la Cathédrale dédiée fous le nom de S. Sauveur. *Ughellus, Italia Sacra, Tom.-}. SUP.

ZENOBIE , femme de Rhadamifte , Roi d’Ibérie, (qui fut chafle par les Arméniens , dont il avoit tué le Roi ,) accompagna fon mari dans fa fuite , quoi qu’elle fût incommodée d’une groffeffe , & fouflTrit pendant quelque tems les fatigues du chemin : mais enfin n’en pouvant plus, elle pria Rhadamifte de lui donner la mort, pour ne la pas laifler tomber dans une honteufe captivité. Ce Prince, que l’amour détournoit d’une aftion fi étrange .l’exhorta de prendre courage ; mais enfin voyant qu’il lui étoit impolfiblc d’avancer , & vaincu par la crainte de la Tome IV.

ZEN.


voir entre les mams de fes Ennemis,il la frappa d’un coup d’épée, dont quelques-uns ont dit qu’elle mourut. Mais d’autres rapportent qu’ayant été trouvée fur les bords de l’Araxe pardesPafteurs,ilslui bandèrent la playe, & ayant apns d’elle-même fon nom ,& fon malheur, ils la portèrent a la Ville d’Artaxate.d’où elle fut conduite à Tiridate, Roi d’Arménie, qui la reçût & l,i traitta félon fa qualité. • Tacite , ^w». ii-v. n. ch.^i. SUP.

ZENOBIE , Reine des Palmyreniens , étoit femme d’Odenat. Elle avoit de l’efpnt.dela douceur, du courage & de la fermeté. Son corps s etoit endurci aux fatigues delà guerre, & très-fouvent elle marchoit à pied avec fon armée. Par fon courage , fon mari fe rendit maître de tout 1 Orient , fe piquant d’être obligeante pour ceux qui profitoient de fa clémence & inflexible aux Tyrans. S. Athanafe dit qu’elle étoit Juive, 8c qu’outre les Lettres humaines, qu’elle«voit aprifcsdu Sophilte Longin, elle eut envie d’être informée de la doftrine des Chrétiens ; mais par malheur elle s’adrefla à Paul de Samofate qui lui débita fes erreurs, comme fi c’eût été la créance Orthodoxe. On dit encore que Zenobie étoit fi favante, dans l’Hiftoire d’Orient, qu’elle en fit un Abrégé de fa main. Elle avoit lu la Romaine, dans les Auteurs Grecs. Après la mort d’Odenat, elle conferva long-tems l’Empire d’Orient ; Si : enfin elle fut prife par Aiirclien vers l’an 173. Cet Empereur ayant défait les armées de Zenobie, l’emmena à Rome pour orner la pompe de fon triomphe. Elle y finit fes jours, comme peifonne privée , laiflTant une grande eltime de fa vertu. » Trcbellius Pollio, des trente Tyrans, Vopifcus.w Annal.

[ZENOBIUS, ami parriculier de Romanien deThagafte,- en Numidie. S. Auguftin lui dédia fes Livres de l’Ordre, en CCCLXXXVI. & lui écrivit quelques Lettres. Vita S. Auguftim Benedidin. Lib. 1 1. c. VIU.]

ZENODORE, excellent Statuaire, fe rendit fi recommandablc, du tems de Néron , par une prodigieufe ftatue de Mercure , à laquelle il travailla pendant dix ans en Auvergne, que Néron étant perfuadé que rien nemanquoit à l’habileté de cet Ouvrier, le fit appeller à Rome pour tâcher de lignalcr fon Empire de quelque merveille, qui pût effacer celles des fiécles paflèz.Plin./. 34 cj.

[ZENODORE, Brigand Arabe qui ravageoit la Syrie & les Pais voifinsdutemsd’Augufte. Il fe retiroit dans les Cavernes des montagnes de l’Arabie, dont une pouvoit tenir jufqu’à quatre mille’hommes. Les Romains le firent périr. Strabon, Lib. XVI.]

ZENODOTE , difciple de Philctas , vivoit du tems de Ptolomée Lagus ;&c il eut foin de fa Bibliothèque. Il étoit Grammairien 8c Poète. Il y en a eu divers autres de ce nom .commeund’Alexandriej&unSophifte qui vivoit fous l’Empire d’Adrien. Cckii-ci avoit traduit Sallufte de Latin en Grec , 8cc. * Voflius , de Hift. Gnc.

ZENON , Empereur,, dit ’lfaurien, époufa Ariadne fille de Léon It ^«7, & en eut un fils, qui ne vécut que dix mois après avoir été déclaré Augufte ; le bruit courut que Zenon , pour régner tout feul , employa le poifon pour s’en délivrer. Il étoit bien capable de ce crime , car q^nt commencé d’être maître en 474. il fe plongea dans toute forte de voluptez & contenta fes paflSons les plus brutales , d’une manière fcandaleufe. Comme il étoit hérétique , il prit toujours le parti des dévoyez , 8c fit de grandes violences «ux Orthodoxes. Dieu punit ces facrilcges par l’irruption des Sarrafîns 8c des Huns, qui ravagèrent fes Provinces jufques à ja Thrace, &i par Bafilifcus qui, fe fervant du mépris où étoit tombé Zenon , réfolut de lui ôter l’Empire. L’épouvante de ce Prince voluptueux fut fi grande , qu’il s’enfuit de Conftantinople. Quelque-tems après il fut rétabli , ayant corrompu par des préfens Hermatius Général de Bafilifcus , qu’il relégua en Cappadoce, comme je le dis ailleurs. Cependant Zenon conrrefit le Catholique, mais il ne lui fut pas facile de diflimuler plus long-tems , &i de foire une fi grande violence à fon inclination. 11 rétablit les Prélats dévoyez, il perlécuta les Orthodoxes, 8c puis fe voulant mêler d’unir , difoit- il , les uns 8c les autres , il publia un Edit dit ’Enotique. Il étoit conçu en termes pieux en apparence , ?ic qui témoignoient un delir ardent de procurer le rtpos de l’Eglife, duquel dépendoit la félicité de l’Empire. Mais en eifet, fous prétexte de recevoir le Symbole de la Foi , dreffé dans les trois premiers Conciles œcuméniques , cet Edit prononçoit anathême contre celui de Chalcedoine, qui étoit la dernière règle de la foi Orthodoxe. Cette affaire eut des fuites fâcheufes ; 8c on ne trouva rien déplus fur, qued’improuver cet Enotique. Enfin il alla rendre compte à Dieu, après un règne de dix-huit ans, ou plutôt d’une violente tyrannie exercée contre l’Empire. Cedrene dit que le bruit courut , qu’e la tête lui avoit été coupée la nuit ; mais la vérité eft qu’étant tombé dans un accès de mal caduc, auquel il étoit fujet,on le crût mort ; 8c Ariadne, qui étoit bien aife de fe défaire de lui, le fit porter en diligence dans le tombeau ; Il revint de fon aflbùpiffement , &c comme il crioit qu’on lui ouvrît, les Gardes,que l’Impératrice avoit mis, lui dirent qu’un autre regnoit à fa place. Il n’importe, répondit-il, tirea-moi d’ici feulement , c menez.moï dans un Monaftere , oit je finirai mes jours. On fe moqua de lui, de forte qu’il mourut enragé , après avoir mangé fes mains 8c fes pantouffles. Zonare a parlé autrement de cette mort. Il dit que Zenon s’étant enyvré , ce qui lui arrivoit allez fouvent, il tomba comme mort ?iC qu’ Ariadne le fit enterrer en cet état. Ce fut en 391. 8c la 65. de fon âge. Cette fin étoit digne de f^ie, noircie de tous les crimes dont un Tyran eft capable. * Marcellin i^ Cafliodore , in Chron. Cedrene , in Compend. Evagre , 2i. 3. Zonare T. m. Annal. Baronius , in Annal. Godeau, Hift. Kcd.

ZENON, Evêque de Vérone, ou dans le III. ou dans le IV. Siècle. Eufebe ni Saint Jeromen’cn fontpointmentioii, commed’un Ecrivain Ecclefiaftique. Nous avons toutefois quatre vingt -dix Sermons imprimez fous fon nom ; mais outre qu’il y en a quelques-uns traduits de ceux de faint Bafile 8c d’autres tirez des Oeuvres de làint Hilaire , il s’y en trouve plufieurs qui par la Chronologie doivent être d’un Siècle plus bas, parlant contre certains Hérétiques , quidifoient que le Fils n étoit pas éternel avecfonpere. Pour moi j’ai grand penchant à croire que ce Zenon eft le même , dont parie (aint Ambroife, en écrivant à Siagre Evêque de Vérone. Je n’ignore pourtant pas qu’on croit communé-Dddd z men :