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morenci, dont il avoit épousé la sœur, nommée Alix. L’église en fut consacrée à la sainte Vierge vers l’an 1191, par S. Thomas, archevêque de Cantorberi, qui y séjourna quelque temps pendant son exil en France. Les premiers religieux qui s’y établirent étoient de l’abbaye de Marcheroux, diocèse de Rouen, c’est pourquoi elle en releve. Le revenu de l’abbaye d’Abecour est d’environ six mille livres. L’abbé est’un religieux. * La Martiniere, dict. géogr.

ABÉE, ABA, ou ABEA, ville de la Phocide en Gréce, fut autrefois fameuse par les oracles que l’on prétend qu’Apollon rendoit dans un de ses temples, & c’est de-là que cette fausse divinité a eu le surnom d’Abæus. Xerxès, roi de Perse, brûla cette ville avec ce temple, la premiere année de la LXXV olympiade, 480 ans avant J.C. Depuis, Philippe roi de Macédoine, ruina les villes de la Phocide, parceque les Phocéens avoient pillé le temple d’Apollon à Delphes, sous la conduite de Philomele, & épargna celle d’Abée, dont les citoyens n’avoient point eu part à ce sacrilége. Les peuples de cette ville, que l’on nommoit Abantes, passerent dans l’isle Eubée, aujourd’hui Negrepont, & lui donnerent le nom d’Abantis. * Justin, liv. 8. Pausanias, liv. 10, &c. Strab. liv. 9. Cherchez ABANTES.

ABÉE, ville du Peloponnèse, sur le golfe Messéniaque, dit aujourd’hui le golfe de Coron. Quelques auteurs placent mal-à-propos dans cette ville le temple d’Apollon brûlé par Xerxès, dont nous venons de parler dans l’article précédent. Cette derniere ville est appellée Æpea par Strabon, qui a peine à décider quel est son ancien nom. Pausanias ne cite qu’une ville appellée Abia sur le golfe Messeniaque. Pausan. in Messeniac. Strab. l. 8. Moletius dit que le hom d’Abée est a présent changé en celui de Chiores. Sophien la nomme Calamata. * Pline, l. 1, c. 6. Baudrand.

ABEILLARD. C’est ainsi que le nom d’Abailard est changé par l’auteur de sa vie imprimée à Paris en 2 volumes in-12 en 1720.

ABEILLE (Scipion) né à Riez en Provence, cultiva la chirurgie avec succès, & ne négligea pas la poësie, pour laquelle il avoit un talent naturel. Quand il se fut instruit solidement dans sa profession, il s’appliqua d’abord à l’instruction des commençans ; & ce fut en leur faveur qu’il fit une histoire abrégée des os, qui lui fit beaucoup d’honneur. Scipion Abeille fut ensuite chirurgien d’armée, & il fit en Allemagne deux campagnes en qualité de chirurgien major du régiment de Picardie. Etant de retour à Paris, il y mourut le 9 de décembre 1697. * Devaux. Index funer. Chirug. Paris. p. 78.

ABEILLE (Gaspard) frere du précédent, né en 1648, sortit de bonne heure de son pays, & vint à Paris sans patron, & presque sans connoissances. Son mérite le fit bientôt connoître ; & ayant embrassé l’état ecclésiastique, il eut le prieuré de Notre-Dame de la Merci. Il avoit quelque talent pour la poësie françoise, & ce fut presque l’unique qu’il cultiva. Il lui mérita une place à l’académie françoise, où il fut reçu le 11 d’août 1704, après la mort de Charles Boileau, abbé de Beaulieu. Il a été secrétaire général de la province de Normandie, & fut toujours attaché à M. le duc de Vendôme, & au maréchal de Luxembourg. M. le prince de Conri l’estimoit beaucoup, & le menoit souvent avec lui á l’Isle-Adam. Il a fait pour M. de Luxembourg une ode sur la valeur, qui a des beautés, mais qui néanmoins a été assez vivement critiquée ; elle est de 1714. Il a fait aussi une épître en vers à M. de Saci de l’académie françoise, sur l’amitié dont ce dernier a publié un excellent traité. Cette épître est de 1704. Les autres piéces de l’Abbé Abeille sont, La constance ou fermeté de courage ; ode, à M. le Duc, prononcée dans l’académie françoise, le 1 de mars 1708 : Epître sur l’espérance, à M. le prince de Conti, prononcée dans le même lieu en 1707 : Epître sur le bonheur à M. Subtil, auditeur des comptes, en 1713 : Les sciences, ode, à M. l’àbbé Bignon, en 1714 : La prudence, ode à M. de Sillery, en 1715. Ode contre les Stoïciens, la même année. Discours à sa réception à l’académie françoise, en 1704. Toutes ces piéces se trouvent dans les recueils de l’académie françoise. L’abbé Abeille a donné aussi plusieurs tragédies : savoir, Argélie, Soliman & Hercule, & la comédie intitulée, Críspin bel esprit, qui ont été représentées & imprimées sous le nom de la Thuillerie, comédien. Enfin, Coriolan représentée en 1676, & imprimée en 1716 ; & Silanus, Lincée, & la mort de Coton, tragédies non imprimées, de même que la comédie de la Fille valet. L’abbé Abeille a aussi cultivé le dramatique lyrique, & il a fait en ce genre Hezione & Ariadne, deux opéra. Il est mort en 1718, le 22 de mai, dans un âge très-avancé ; * Mém. du temps. Titon du Tillet, Parn. Fr. in fol. p. 564. M. de Beauchamp, Recherches sur les théâtres de France, tome 2, in-12. p. 389. Le pere Niceron a donné un article de l’abbé Abeille dans le tome XLII de ses mémoires, que les auteurs de l’Histoire du théâtre françois ont copié en partie, dans le tome XI de leur ouvrage, p. 440.

ABEIN, source d’eau minérale, en Auvergne, dans les montagnes, à quatre lieues de la Cuillie. Ces eaux qui sont chaudes, sont bonnes contre la lepre & autres maladies. * La Martiniere, dict. géogr.

ABEL, dont le nom signifie affliction, étoit le second fils d’Adam & le cadet de Caïn. Caïn s’appliqua à l’agriculture, & Abel fut pasteur. Dans une occasion où Caïn offrit à Dieu des fruits de la terre, en même remps qu’Abel offrit aussi des prémices de son troupeau, c’est-à-dire, des premiers nés & des plus gras, le Seigneur regarda d’un œil favorable Abel & son offrande, & ne regarda point Caïn, ni ce qu’il lui avoit offert : ce qui irrita tellement le dernier, qu’il s’éleva contre son frere & le tua. C’est tout ce que Moïse nous apprend de cette histoire ; mais la curiosité de l’esprit humain a donné lieu de faire sur ce sujet plusieurs questions. On demande premierement quelle sorte de sacrifice Caïn & Abel offrirent. L’écriture marque que Caïn offrit des fruits de la terre, & qu’Abel offrit les premiers nés de son troupeau & de leur graisse : mais les mots hébreux se peuvent traduire des prémices & du lait. En effet le mot de Cheleb, qui est traduit en cet endroit par la graisse, est rendu en d’autres endroits par la version des septante par celui de lait. Ceux qui expliquent ainsi cet endroit de la Genère, remarquent que comme on ne doit offrir à Dieu que les choses qui sont en usage parmi les hommes, ceux de ce temps-lâ ne mangeant point d’animaux, il n’y a pas d’apparence qu’ils en aient offert au Seigneur, outre que la coutume de n’offrir que des fruits de la terre, du lait, de la laine, des herbes, des fleurs, est la plus ancienne & la plus simple. Cependant toutes les versions & les interpretes conviennent qu’Abel offrit les premiers nés de son troupeau : & ce qui est dit ensuite qu’il offrit de leur graisse, est un hébraïsme, pour signifier qu’il offrit des plus gras & des meilleurs ; car les Hébreux, pour signifier la bonté & l’excellence d’une chose, se servent de cette épithete : ainsi la graisse du froment, adeps frumenti, signifie le meilleur bled. Il est incertain si Abel offrit la victime entiere, ou seulement une partie ; si ce fut un sacrifice de paix ou un holocauste. Les Talmudistes assurent que ce fut un holocauste.

On demande en second lieu, quelle fut la raison pour laquelle Dieu agréa le sacrifice d’Abel, & rejetta l’offrande de Caïn. Plusieurs croient que ce fut parceque Caïn n’offroit que ce qu’il avoit de plus vil & de plus méprisable, ce qui paroît désigné par ces paroles, de fructibus terræ : au lieu qu’Abel offroit le premier né & le plus gras de son troupeau. On peut appuyer ce sentiment sur la version des septante, qui porte v. 5. Si vous avez bien offert, & que vous n’ayez pas bien partagé, vous avez péché. Ce que l’on croit avoir rapport au