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INTRODUCTION.

Le peuple d’Angleterre n’était pas seulement la victime de l’avarice de son roi, d’autres causes d’oppression et de souffrance le tourmentaient encore. La noblesse possédait, de commun avec le clergé, la majeure partie du sol et de la richesse publique ; et ces biens immenses, placés dans des mains paresseuses ou égoïstes, demeuraient stériles pour la masse des travailleurs. De plus, à cette époque d’anarchie, les grands seigneurs entretenaient à leurs gages une multitude de valets armés, soit par amour du faste, soit pour s’assurer l’impunité, soit pour en faire des instruments en toute occasion de violence ou de débauche. Cette valetaille était le fléau et la terreur du paysan et

    vainqueur à Stoke et à Black-Heath, il se maintint obstinément en paix avec l’Europe, hormis le cas où il déclara la guerre à la France. Mais cette démonstration belliqueuse n’était en réalité qu’une spéculation commerciale, qui eut pour résultat de vendre 745 000 écus d’or la paix d’Étaples à Charles VIII, et d’obtenir de la complaisance du Parlement des subsides énormes. Cela fait, Henri VII se hâta de lever le siège de Boulogne, et de licencier ses troupes, peu soucieux de voir le duché de Bretagne définitivement acquis à la France. À sa mort, il laissa 1 800 000 liv. sterling, et une mémoire tellement exécrée, que son fils Henri VIII dut sacrifier à la vengeance publique Empson et Dudley, principaux ministres de la fin du dernier règne.