Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 248 —

bêtes mises à leur disposition. C’étaient des produits superbes acclimatés depuis longtemps en Afrique-sud et pouvant résister indéfiniment, comme en leur pays d’origine, aux variations de température et à tous les autres inconvénients du climat semi-tropical ; c’étaient ce que l’on appelle, là-bas, des chevaux « salés », c’est-à-dire acclimatés. Les selles étaient munies de fontes garnies de revolvers et de gourdes que l’on remplirait d’eau au moment du départ.

Vers neuf heures, les quatre cavaliers partirent. Le ciel était pur et plein d’étoiles. Une fois hors de la ville, ce fut tout de suite le désert. Presque pas de végétation si ce n’est, de temps en temps, des brousses et des buissons, ou encore des troncs d’arbres brûlés, à côté desquels de nouveaux rameaux essayaient de prendre vigueur. Dolbret était pensif, presque triste. Le fonds de scepticisme et d’ironie dont était fait son caractère remontait à la surface et le remplissait d’inquiétude. Par moments il se demandait s’il était autre chose qu’un don Quichotte moderne, parti à la recherche des aventures, courant après d’imaginaires royaumes, soupirant pour de ridicules Dulcinées. Mais la bonne humeur lui revenait quand il songeait à Berthe, la plus belle et la meilleure, et aussi aux millions de Kruger, qui n’étaient toujours pas du seul domaine de l’imagination. Il se trouvait précisément dans la position de Gargantua pleurant sa femme morte, puis se prenant soudain à rire, lorsqu’il « se soubvenoit de Pantagruel. »

Zéméhul avait pris la tête de la petite troupe. Par moments il disparaissait derrière les ondulations du terrain ; un instant après, les trois amis,