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officiers pour qui la consigne n’était pas si rigoureuse que pour les simples soldats. Il faisait nuit noire maintenant, la brume se faisait plus épaisse, la vitesse du navire diminuait toujours.

Dolbret entendit le bruit d’une respiration à côté de soi : il tressaillit. Un mot de Labbé le rassura :

— C’est moi, docteur.

— Bon : je crois que c’est le temps. Tout le monde est-il couché ?

— Je crois que oui. J’ai jeté un coup d’œil dans la buvette, il n’y reste plus qu’un officier qui boit son dernier coup.

— Bien, nous n’attendrons pas qu’il le finisse.

— Du reste, je crois que s’il le finit, il sera bien en peine de courir après nous ; il m’a l’air d’en avoir plein le collet.

— Tant mieux.

— Terrinée ! par exemple, il n’y a pas mal de brume, on pourrait la couper avec un couteau.

— Tu as le tien, ton couteau à ressort ?

— Tiens, vous êtes de bonne humeur, vous ; ça commence à faire. Mais ne trouvez-vous pas qu’on dirait que le bateau va s’arrêter.

En effet, la brume enveloppait le steamer d’un nuage épais et la sirène lançait, à intervalles réguliers, sa lamentation triste. Dolbret et son compagnon grimpèrent dans la chaloupe. Ainsi que l’avait dit le premier, il y avait une chaloupe plus petite dans la chaloupe de sauvetage, et qui se trouvait complètement libre. Elle contenait deux rames, une petite voile et un gouvernail ; à l’avant était fixé une longue amarre d’un pouce de diamètre.