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VI

CONSEIL COSMOPOLITE


Dolbret ne dormit pas beaucoup. Disons — chose qu’il ne s’avouait peut-être pas à lui-même — que le joli visage de Miss Mortimer passait assez souvent dans les demi-rêves de son demi-sommeil, plus souvent même que les visages de ses adversaires supposés, de ce Dean dont la barbe cachait probablement son persécuteur, de son compagnon, le révérend Charles Bilman et d’Ascot, celui de qui le Dean avait dit : « Qu’il soit béni. » Pourquoi le sieur Ascot devait-il être béni ? pourquoi surtout l’était-il par ce Dean et par ce Bilman ? pourquoi le Dean avait-il été le rencontrer à Québec ! qu’était-ce que cet Ascot ? Voilà les questions, entre mille autres, que se posa Pierre Dolbret, la nuit qui suivit l’entretien des deux ministres sur le pont. Pierre était jeune, la vie ne lui avait pas encore dévoilé toutes ses laideurs, il avait des illusions, et cette situation l’intéressait énormément. Il se disait : « Il y a au fond de tout cela quelque roman où j’ai un rôle à jouer. Heureusement ou malheureusement, je suis amoureux fou — ou je me trompe fort — de la plus jolie fille qui soit au monde ; cet amour doit me rendre capable de toutes les belles actions des héros de romans passés ou à venir, ou bien les héros de romans ne serviraient à rien, ce que je ne crois pas. Il tient à moi maintenant de démêler l’intrigue de cette affaire ou de la faire naître, si c’est nécessaire, car, il faut bien me l’avouer, ma fortune n’est pas considérable, et si j’en crois ce qu’on dit, celle de Miss Mortimer est