Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/134

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worth, s’efforçant dans son analyse de se rapprocher du phénomène concret, avait en vue la solution d’un problème différent de celui qui a été traité par le professeur de Lausanne, problème plus général, dont il se bornait d’ailleurs à indiquer l’existence. « Je ne ferai jamais », disait-il[1], « un reproche à un économiste mathématicien de n’avoir pas formulé le problème de la concurrence industrielle. Les représentations abstraites se trouvent toujours en défaut pour représenter la réalité ».

D’autre part, dans l’étude des monopoles et de la concurrence limitée auxquels il a également étendu ses recherches, ainsi que nous l’avons ci-dessus mentionné, non seulement M. Edgeworth a repris et complété les théories de Cournot, relatives à l’exercice d’un monopole sur des tiers se faisant librement concurrence, en se préoccupant notamment de l’influence de l’accroissement de la demande sur le prix[2], mais encore il a examiné, pour la première fois en pleine connaissance de cause, l’hypothèse dans laquelle deux individus (ou deux groupements d’individus) jouiraient d’un certain monopole par rapport à un même produit[3] (Cf. III, V, 4 et 5). Il s’est en outre préoccupé de l’indétermination de la position de l’équilibre économique qui résulte de la présence vis-à-vis l’un de l’autre de deux monopoleurs, comme un syndicat de patrons et un syndicat d’ouvriers, par exemple[4]. Plus généralement, après avoir montré ce qu’il faut entendre par marché parfait, il a pris en considération les différents cas où le marché est imparfait par suite du nombre

  1. Revue d’Économie politique, numéro de janvier 1891, p. 25.
  2. Giornale degli Economisti, numéro d’octobre 1897.
  3. Idem, numéro de juillet 1897.
  4. Discours, pp. 547-549 et note l.