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Page:Moreux - La foudre, les orages, la grêle.djvu/13

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quets et les canons des soldats de Pizarre et de Cortez.

Il faut arriver au xviie siècle, pour rencontrer des essais d’explication de la foudre et du tonnerre. La première théorie paraît due à Descartes.

Sans doute, elle est radicalement fausse ; sachons gré cependant à son auteur d’avoir placé la question sur un terrain purement scientifique.

D’après lui, le bruit du tonnerre et l’apparition de l’éclair provenaient du grand dégagement de chaleur produit par l’air contenu entre deux nuages, à des hauteurs inégales dans l’atmosphère, et comprimé par la chute du plus élevé sur le plus bas.

Boerhaave admet une hypothèse analogue et nous y reviendrons plus tard, à propos des théories sur l’orage.

Tel était l’état de la question à une époque où cependant on connaissait les travaux de physiciens dont nous allons parler.

Dans les dernières années du xvie siècle vivait, en Angleterre, Guillaume Gilbert, de Colchester. Il était médecin de la reine Elisabeth, mais la science de la médecine n’était pas alors tellement développée, que les disciples d’Esculape repussent consacrer une partie de leurs loisirs à d’autres études : c’est ce que fit Gilbert.

Dans un livre paru en l’an 1600 et intitulé De arte magnetica, il soumit pour la première fois à un examen approfondi les phénomènes magnétiques en général, puis les phénomènes d’attraction particuliers à l’ambre jaune. Il reconnut ainsi que l’ambre et le jayet n’étaient. pas les seuls corps doués de cette propriété extraordinaire. Celle-ci paraît commune à la plupart des pierres précieuses : le diamant, le saphir, l’opale, l’améthyste, l’aigue-marine, le cristal de roche. Nombre de matières communes en jouissent, le verre, les bélemnites, le soufre, le mastic, la cire d’Espagne, la résine, l’arsenic, le sel gemme, le talc, l’alun de roche présentent des propriétés analogues.

Toutefois, Guillaume Gilbert arrêta là ses découvertes et ce fut l’illustre Otto de Guericke, bourgmestre de Magdebourg, le même qui avait construit la première machine pneumatique, qui dota la science de la première machine électrique.

« Prenez, dit-il, une sphère de verre, ou, comme on l’appelle, une fiole de la grosseur d’une tête d’enfant, placez-y du soufre concassé en morceaux dans un mortier,
Boerhaave, célèbre médecin et physicien hollandais (1668-1738)
et approchez-la du feu, de manière à faire fondre le soufre. Le tout étant refroidi, cassez le globe de verre pour en retirer la sphère de soufre que vous conserverez dans un lieu sec ; il faut ensuite percer ce globe de manière à faire traverser son axe d’une tige de fer. Le globe sera alors préparé. »

Si grossière que fût cette machine, elle permit à Otto de Guericke, de constater la production de phénomènes lumineux très faibles, il est vrai, et dont la clarté surpassait à peine l’espèce de lueur phosphorescente qu’émet le sucre frappé ou cassé dans l’obscurité.

Mais, déjà, on avait le pressentiment