Implorant le secret de sa bouche fermée.
L’impitoyable sphinx ne te répondra pas
Et tu continueras ta route aventureuse
Sans retrouver jamais le chemin de Damas…
… Tu t’assiéras alors sous le porche du Temple
Où viennent les Élus prier chaque matin.
Mais nulle voix d’en haut n’ordonnera : Contemple !
Car tu ne saurais plus, ployant les deux genoux,
Des fidèles courbés suivre le bon exemple.
Au fond de l’abside où l’ombre creuse les trous,
À travers un éclat fabuleux de miracle,
Fulgureront pourtant dans un courroux d’or roux.
Les portes saintes de l’éternel tabernacle,
Mais leurs rayons fougueux flagelleront en vain
Ton zèle moribond qui malgré toi renâcle.
Et tandis qu’aux Croyants qui s’enivrent du vin,
Du Vin fameux qui ruisselle au fond du calice,
Se révéleront les splendeurs de l’art divin,
Tu mourras lentement et d’un très long supplice,
Dans le regret de n’avoir pu franchir le seuil
Pour t’être libéré trop tôt du dur calice.
Laisse pleurer ton âme et vêts ton cœur de deuil.[1]
À coup sûr, l’art de ces vers n’est pas en-
- ↑ Jean Court : Les Trêves. Jean Court, en un roman, a essayé
de faire la synthèse d’une vie ; une femme agonise, très
lentement, et au cours de cette agonie, comme en un recul hors
d’elle-même, assiste au drame de sa vie passée, qui lui devient
étrangère, sauf en ce qu’elle recèle d’inconnu à tous : une faute
chère et que la mourante, très fervente chrétienne, préfère
encore au paradis. Le livre, scindé en quatre parties indiquées
par quatre phases d’un coucher de soleil, n’est qu’une suite de
sensations, de rêves et de souvenirs ou tout se mêle, le passé
du bonheur et la terreur du tout proche avenir. Emphatique
un peu, le titre : Le Soir tragique.