dans cette réunion, des jeunes gens dignes de les épouser ?
Il fallait une toilette neuve et de circonstance, madame Provost se prépara à se la procurer digne de son rang.
Alice était dans la jubilation.
Arthémise, au contraire, se révoltait à l’idée d’assister à ce bal, surtout dans le costume exigé.
Il est bon de dire qu’il était spécifié sur les invitations, que les dames devaient porter des robes décolletées et à manches courtes. Le grand personnage, tenait paraît-il, à inspecter les beaux cous, les jolies épaules et les charmants bras de nos Canadiennes. Il croyait peut-être trouver du sang de sauvage chez quelques-unes d’entre elles. La peau de ces dames ne doit pas avoir la blancheur de celle des blondes filles d’Albion, se sera-t-il dit, j’en aurai la certitude.
On comprend ce que cette obligation de décolletage avait d’insultant pour nos bonnes Canadiennes. Toute femme qui a un reste de pudeur, devait se sentir humiliée d’un semblable affront.
La presse de Montréal, du moins la presse canadienne, fut presque unanime à condamner la conduite de celui qui avait dicté la toilette des dames.