Page:Morissette - Au coin du feu - Nouvelles, récits et légendes, 1883.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 61 —

et disposés de manière que le gris soit suivi du rouge.

J’étais content, lorsque le matin, j’entendis le gardien qui venait ouvrir les cellules.

Ma première journée fut certainement la plus pénible de celles que je passai au pénitencier. Il me fallut dire d’où je venais et ce que j’avais fait. Comme j’avais l’air un peu timide, on me lança force quolibets, accompagnés bien souvent de coups de poing, lorsqu’on était certain que le gardien ne voyait pas.

L’on me mit à casser de la pierre ; moi qui n’avais pas beaucoup travaillé aux ouvrages forçants, je trouvai la besogne dure.

Je fus bientôt au courant des habitudes de la vie au pénitencier. Chacun des prisonniers me conta pourquoi il avait été fait prisonnier et presque tous me dirent que lorsqu’ils seraient sortis, ils sauraient bien faire leurs coups sans se faire pincer.

Je t’ai dit que j’avais été effrayé des propos que mon compagnon de route m’avait tenus pendant le trajet de Montréal à Kingston ; c’était peu de chose en comparaison de ce que j’ai entendu là-bas.

Veut-on voir où se trament généralement les