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mauvais coups qui se font ? qu’on aille au pénitencier. Les prisonniers passent leur temps à préparer des vols, des incendies, des meurtres mêmes.

Au commencement, j’étais dégoûté de leurs propos ; puis, peu à peu je cessai de voir du mal dans leurs projets, et je finis par y prendre une large part.

J’avais lu beaucoup de romans français et je n’avais pas toujours choisi les meilleurs. Bien des fois je préparai avec l’aide des souvenirs qui m’étaient restés de ces lectures, des coups épouvantables, qui ne furent pas exécutés, il est vrai, mais dont l’idée poussa certainement mes compagnons à essayer de les approcher.

Au contact de ces gens, j’avais complètement perdu les bonnes intentions de me corriger.

Je t’ai dit que j’étais arrivé à aider mes compagnons dans leurs mauvais projets. Les gardiens eurent bientôt connaissance de la chose et je fus désigné par eux, comme un être dangereux.

Ce témoignage des gardiens me les fit détester.

Un jour, un de ces hommes m’ayant parlé trop brutalement, la colère m’emporta et je lui donnai un maître coup de poing sur la figure. Le coup n’était pas fait que je le regrettais déjà. Je savais qu’un prisonnier qui ose lever la main sur un gardien, est condamné au fouet.