Page:Morissette - Au coin du feu - Nouvelles, récits et légendes, 1883.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 63 —

L’on m’enferma dans un cachot, et le soir, on m’apprit que je recevrais le lendemain matin à dix heures, dix douzaines de coups.

Cent vingt coups de fouet, appliqués comme on le fait au pénitencier, sur une peau délicate comme la mienne, c’était plus que suffisant pour me donner la mort.

J’eus peur.

Je passai la nuit sans sommeil ; j’étais debout avant le jour. À dix heures moins le quart on vint me chercher.

Sait-on vraiment ce que c’est que la peine du fouet ? Ces gens qui ont pour mission de faire la loi, ont-ils une idée des douleurs qu’endure le malheureux qui reçoit une centaine de coups de fouet ? Ah ! il faudrait que ces messieurs y passassent une fois. Il faudrait qu’avant d’élire un député, on l’envoyât passer quelque temps dans un pénitencier ; lui faire appliquer de temps à autre quelques douzaines de coups de fouet sur le dos ; lui faire connaître la conduite infâme de ces gardiens qui paraissent avoir pour mission de tourmenter les prisonniers, afin de pouvoir les battre ; ensuite peut-être y regarderait-il deux fois avant de voter des lois barbares.

Que de changements ne ferait-on pas ? Et ces