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Tous les prisonniers étaient réunis dans l’endroit où devait avoir lieu le supplice.

En me voyant arriver entre deux gardiens, quelques-uns me regardèrent d’un air moqueur, mais la généralité paraissait attristée. J’en vis même quelques-uns dont les yeux étaient remplis de larmes. C’est que, vois-tu, plusieurs de ces malheureux n’étaient pas encore complètement corrompus ; soit qu’ils fussent nouvellement arrivés, soit qu’ils n’eussent pas encore eu à souffrir de la brutalité des gardiens ; ils leur restaient encore un peu de cœur.

On m’attacha les bras et les pieds à une échelle, après avoir eu le soin de mettre mon dos à nu.

Deux prisonniers qui avaient consenti à m’appliquer la torture en échange de leur liberté, se placèrent de chaque côté de moi.

Le chef de l’établissement donna l’ordre de commencer.

Un sifflement terrible retentit à mon oreille, et je sentis de suite les sept lanières du fouet me fendre la peau en sept endroits différents. Second sifflement, second coup. L’on m’eut enfoncé dans la peau mille épingles rougies au feu, que je n’aurais pas trouvé le supplice plus dur.

Les coups continuaient à pleuvoir sur mon pauvre dos. Le sang jaillissait de mille endroits diffé-