Le Docteur-Noir s’approcha du père Marius.
— Je retrouverai votre enfant, l’aïeul ! dit-il en lui prenant les mains. Et si vous n’êtes plus là… je l’adopterai. Je vous le promets… Me croyez-vous. Dites ?…
— Oui, fit le vieillard. Mais le jésuite… le prêtre ?…
— Il mourra.
Et, à part lui , il pensait :
— S’il existe !
Le père Marius resta sans bouger pendant une minute. Brusquement ses traits se contractèrent.
Il fit quelques pas en avant les bras étendus et, de ses dents serrées, sortirent sifflants ces derniers mots :
— On m’a tué mes enfants !
Un filet de sang noir monta à ses lèvres, et, après avoir agité les mains comme s’il essayait de se retenir, le père Marius tomba en arrière.
La douleur l’avait foudroyé.
La foule se précipita, houleuse, tandis que le Docteur-Noir, après s’être penché sur le corps, se relevait sans rien dire.
— Eh bien ? lui demanda-t-on anxieusement.
— Il est mort, dit gravement le médecin…
Et il ajouta, se parlant à lui-même :
— Je suis l’héritier de ce pauvre. Voilà de quoi remplir ma vie… J’ai une œuvre à accomplir. Je n’y faillirai pas.
CHAPITRE V
Nous avons assisté à l’arrestation de Caudirol par l’agent Haroux ; était-il donc possible que le vieux Marius pût le reconnaître, traversant librement le Marché-aux-Fleurs ?
Avait-il été le jouet d’une hallucination, ou plutôt s’agissait-il d’une similitude de nom ?
Ce qui enlève toute vraisemblance à cette hypothèse, c’est que Caudirol avait été élevé au séminaire de Nantes, ainsi que le vieillard l’avait dit.
C’eut été trop de coïncidences.