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LES MYSTÈRES DU CRIME

Il voulait cependant en avoir le dernier mot, et il alla prendre des informations à l’hôtel Peignotte.

On ne put lui donner aucun éclaircissement.

Le seul résultat de son enquête fut de faire connaître au Nourrisseur et, partant, à tous les bandits de Saint-Ouen, que leur chef était arrêté.

L’agent Haroux, en désespoir de cause, se décida à faire interroger son prisonnier par le commissaire de police.

Caudirol avait repris tout son sang-froid.

Il se présenta devant le magistrat avec une assurance des mieux jouées.

— Monsieur, déclara-t-il tout d’abord, je suis victime d’une méprise contre laquelle je ne puis assez protester.

— Asseyez-vous, fit le commissaire.

L’agent Haroux se tenait debout auprès de la cheminée. Il examinait les papiers remis par le prétendu Renaud.

Il était absorbé au point qu’il était entré dans le cabinet du commissaire avec sa cigarette allumée.

Celui-ci le rappela sèchement aux convenances :

— Monsieur Haroux, l’odeur du tabac m’incommode beaucoup… dans ce bureau… Passez-moi donc ces feuilles que vous examinez.

Le policier jeta gauchement sa cigarette et tendit les papiers réclamés.

Caudirol eut un imperceptible sourire qui voulait dire : Cela va bien.

Il connaissait à fond la nature humaine. Son métier de prêtre en avait fait un observateur rempli de tact.

— Je regrette, ajouta-t-il, de ne pas avoir immédiatement été mis en présence d’un magistrat. Maintenant, je suis rassuré, ma conscience ne me reproche rien, et je me confie à votre justice.

— Il ne s’exprime pas mal du tout pour un récidiviste, pensa lecomissaire, intérieurement flatté.

Il commença son interrogatoire.

— Vous prétendez vous appeler Renaud ?

— C’est mon nom, monsieur le commissaire, répondit Caudirol en s’inclinant.

— Quelle est votre profession ?

— Représentant de commerce… Vous avez en votre possession les papiers qui m’accréditent en cette qualité.

— Connaissez-vous des négociants de Paris desquels vous pourriez-vous réclamer ?

— La maison que je représente est connue sur la place, répondit Caudirol, mais personnellement je ne le suis pas. Je fais la place ici pour la première fois.