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LE VAMPIRE

— Il paraît que la police a pu suivre ma piste après que nous avons démoli le bourreau de Paris, messire Dublair.

— Diable ! fit Sacrais,

— Oh ! il n’y a pas eu de mal à cela. Ils m’ont empoigné rue des Lyonnais… Ils étaient une vingtaine au moins…

— Oui, sans cela, vous êtes de taille…

— À en démolir une dizaine… mais guère plus.

— C’est déjà joli.

— Donc, continua Caudirol, ils m’ont pincé par surprise. J’ai été conduit au commissariat. Là, j’ai bien vu qu’ils ne connaissaient point mon identité,

— En effet, interrompit Sacrais, il n’y a que moi qui vous sache vivant.

— Les argousins m’ont accablé d’injures, naturellement. Songez un peu ! J’avais dégringolé le bourreau. Ça ne se fait pas tous les jours.

— Certes non ; mais comment leur avez-vous faussé compagnie ? Je meurs d’impatience de le savoir.

— Ça n’a pas été difficile… Le commissaire avait été prévenu, Il arrive tout de suite dans sa boutique. On me fait entrer dans une pièce à droite. Tous les agents se mettent derrière moi.

— De sorte qu’il ne restait plus personne dans le bureau du commissariat.

— Juste ! Ou plutôt, si. Il y avait encore deux gratte-papier, derrière un bureau absolument séparé de l’entrée.

— Je devine, vous avez bousculé vos gardes et vous avez déménagé lestement, Je connais l’endroit. C’est rue Rateau. Il ne passe jamais personne.

— Ce n’est pas tout à fait cela, fit audacieusement Caudirol ; j’avais remarqué que la porte de la salle où nous étions avait une clé extérieurement. Profitant de ce que le commissaire m’interrogeait en regardant ses paperasses, je l’empoignai dans un effort terrible et je le jetai comme une masse contre les agents qui, du coup, furent renversés.

— Cré bon sang ! exclama Sacrais avec admiration.

Caudirol regarda un instant l’ancien clerc de notaire pour jouir de sa stupéfaction, et il poursuivit sur le même ton :

— Je ne perdis pas une seconde et je sautai sur la porte que je refermai en un clin-d’œil, en donnant un tour de clé…

— Oh ! bravo… ça c’est sublime !

— Et avant que les bureaucrates aient seulement pu lever le derrière de dessus leur siège, j’étais dans la rue. Je donnai, pour la forme une poussée formidable à la sentinelle et je pris ma course… Mais, en voici assez sur ce sujet. Je suis venu ici pour me déguiser un brin.