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LE VAMPIRE

Bambouli, le beau parleur de la bande ne disait mot.

Zim-Zim perdait complètement sa bruyante gaieté.

Quant à La Guiche, Tintin et l’Asticot, ils avaient franchement peur, et ils ne le cachaient pas.

C’étaient, d’ailleurs, les personnages secondaires de la bande de Saint-Ouen.

Pour achever de les démoraliser, une autre nouvelle les attendait.

Comme ils mettaient le pied sur l’escalier, qui conduit à la berge, ils furent rejoints par un de leurs camarades qui approchait en se démenant et en sautillant.

— Tiens, la Puce ! firent les bandits.

— J’ai du nouveau, dit-il à voix basse. Prenons un bateau et traversons.

Je vous conterai ça tout à l’heure.

Tord-la-Gueule appela un batelier.

— Ohé, du canot, y a personne ?

Un homme accourut.

— Voilà, voilà, messieurs. On va vous passer.

Ils prirent place dans un bateau, et deux minutes après, ils abordaient dans l’île, devant le restaurant Bourrache.

Après avoir payé le batelier, ils s’enfoncèrent sous les arbres.

Le temps menaçait. Le tonnerre grondait au loin. Le vent se déchaînait par rafales. Il devait faire déjà de l’orage à Paris. La tempête allait bientôt s’ébattre sur l’île.

La route était déserte.

Seul, le restaurant Bourrache était éclairé et semblait vivant au milieu de cette solitude.

On entendait les accords du piano et les chants des Parisiens attardés, qui attendaient, en se divertissant, que le temps changeât.

— Eh bien, La Puce ? questionnèrent les bandits.

— J’ai reçu comme vous la communication de Sacrais. Je me suis rendu le premier à l’endroit indiqué.

— Ensuite ?

— J’attendais les camarades en revenant tranquillement sur mes pas, quand j’aperçois Sacrais avec deux bonshommes. Je vais pour lui parler, mais d’un coup d’œil il m’arrête. Je comprends tout… c’étaient des agents.

— Malédiction, hurla Tord-la-Gueule, Sacrais aussi est au clou ! C’est un sort !

— Je passe derrière eux, poursuivit La Puce, et je me mets à les suivre de loin. Les roussins donnaient le bras à ce pauvre Sacrais.

— Et où l’a-t-on remisé ?

— Là-bas, à la gendarmerie. D’après ce que les mouchards disaient, un