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LES MYSTÈRES DU CRIME

Caudirol et la Sauvage semblaient éprouver une jouissance suprême à écouter les effroyables détonations que l’écho répercutait.

— Cela vaut la peine d’être vu, fit-il en se tournant vers ses hommes. Il sembla chercher quelqu’un.

— Tiens !… à propos, où donc est Sacrais ?

Les bandits s’entre-regardèrent.

— Sacrais, fît La Marmite, il est là-bas, dans cette direction, vous voyez…

— Et que fait-il ?

— Il attend sa voiture, l’aristo !

Tord-la-Gueute ne goûta pas la plaisanterie.

— Toi, gosse, tu vas taire ton bec, ou sans ça, nom de Dieu !

Et s’adressant à Caudirol :

— Patron, il est au clou… La rousse l’a poissé. Dans un moment, le panier à salade viendra le prendre. Encore un de foutu !

Le chef parut se consulter lui-même.

— Bah ! dit-il, jusqu’ici ça ne va pas trop mal pour ce brave Sacrais.

— Par exemple ! et la voiture qui va l’emmener ?

— Bien ne dit qu’elle ne s’arrêtera pas en route. Allons ! mes amis, le temps est bien vilain, mais la besogne nous attend… Levons le siège ! Il ne faut pas craindre de se mouiller un peu pour sauver un camarade dans la peine…

— Le sauver ? firent les bandits stupéfaits.

— Parbleu ! répondit Caudirol avec audace en se levant résolument.

On suivit le chef avec une admiration qui n’était pas exempte de crainte.

— Quel homme ! mes enfants, fit La Marmite.

Caudirol et ses acolytes traversèrent la salle du premier étage.

Il songea qu’il n’avait plus d’argent.

D’autre part, il lui répugnait de laisser un autre régler les consommations.

Il eut une idée géniale.

Sans hésiter, il sortit et descendit suivi de ses bandits par l’escalier extérieur.

Au lieu de rentrer dans rétablissement au rez-de-chaussée, il continua sa route à travers le jardin jusqu’à la berge.

Mais la patronne, Mme Bourrache, accourut à leur rencontre, malgré la pluie battante.

— Messieurs, vous avez oublié de…

— Nous avons payé à votre mari, la commère, affirmé effrontément Caudirol.

Et il ajouta tout bas à La Marmite :