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LES MYSTÈRES DU CRIME

Voilà la situation actuelle en ce qui regarde Caudirol.

D’autre part, le hasard des circonstances avait fait qu’un homme d’une énergie surhumaine, aussi loyal que le défroqué était faux et misérable, s’était trouvé former la contrepartie dans ce drame effrayant.

Cet homme, on le sait, c’était le Docteur-Noir.

Le prêtre et le médecin allaient se trouver aux prises.

Un duel formidable allait s’engager et, on a pu s’en convaincre, les adversaires étaient de force à se mesurer.

À qui devait rester le dernier mot ?

C’est ce qu’il est encore impossible de prévoir à l’endroit où nous nous trouvons de cette narration.

Lorsque les bandits de Saint-Ouen s’étaient enfuis après avoir donné l’assaut à la voiture cellulaire, ils n’avaient eu garde de suivre la grande route.

Cette fuite eut présenté trop de dangers.

Ils s’étaient échappés à travers champs par des sentiers qu’ils connaissaient bien, vivant toujours dans ces parages.

En effet, tous ces gredins, rassemblés par la Sauvage et Général des Carrières, parmi les plus redoutables voleurs de la capitale, avaient fixé leur résidence dans les environs de Saint-Ouen.

Ils opéraient partout, mais leur repaire était invariablement là.

La rue des Lyonnais était seulement leur pied-à-terre de Paris.

Après une heure d’une course vertigineuse, les bandits s’arrêtèrent.

Aucun bruit ne frappait leurs oreilles.

Ils avaient longé les fortifications et ils rentrèrent dans Paris par la porte la plus voisine.

— Si nous nous séparions ? fit Bambouli.

— Pas sans que je vous aie offert quelque chose, proposa Sacrais… C’est bien le moins.

— Tous les troquets sont fermés, objecta La Guiche qui était le plus fort buveur de la bande. C’est dommage !

— J’en connais un, près de chez moi, dit Sacrais, qui reste ouvert assez tard. Allons-y.

Arrivés à l’endroit indiqué, les bandits trouvèrent l’établissement fermé.

Caudirol prit la parole :

— Nous avons encore à causer, fit-il, et puisque nous sommes à deux pas, allons chez Sacrais.

Celui-ci parut mal à l’aise.

— Je n’ai pas grand chose à vous offrir, balbutia-t-il.

— Il y a bien du feu ? demanda la Sauvage, car j’ai bien froid.

— Il doit y avoir du feu, dit Sacrais.