— La vieille a dû en faire, appuya Tord-la-Gueule.
— Quelle vieille ? demanda Caudirol.
Sacrais devint de plus en plus embarrassée
— J’ai une espèce de sorcière qui garde ma maison… Les camarades la connaissent bien.
On arriva devant une mauvaise bâtisse.
— Alh ! nous y sommes, fit Caudirol, qui reconnut la demeure de Sacrais.
Une plainte douloureuse s’échappait de la sinistre maison.
— Qu’est-ce que cela ? interrogea Caudirol.
— Rien… c’est le vent… s’empressa de répondre Sacrais.
Tord-la-Gueule donna un coup de pied dans la porte.
— Hé ! youp-ohu, c’est des aminches, la commère, fit La Marmite. On fut quelque temps sans ouvrir.
— Tu n’as pas la clé ? demanda Tord-la-Gueule, j’ai les pattes gelées.
— Tu as cependant de bonnes guêtres, que je t’ai données, fit aigrement Sacrais.
— Dame ! échange de bons procédés. Moi j’ai bien offert la clé des champs… Ça se vaut, dis donc !
— Ah ça ! mais on n’ouvrira donc pas ? s’écrièrent en chœur les bandits,
La Sauvage s’impatienta.
— Eh bien ! Sacrais, est-ce pour demain ? fit-elle. Si tu crois qu’on jouit ici !
— On est toujours aussi bien que dans le fossé des fortifications, à faire l’amour, dit celui-ci à demi-voix.
Le misérable faisait allusion à la scène dont il avait été témoin du haut d’un talus, le soir où la Sauvage s’était donnée à Caudirol.
Le défroqué avait entendu.
Il éclata en invectives.
— Canaille, gredin ! rugit-il en saisissant Sacrais par le cou. C’était bien la peine de sauver cet être-là !
Et il le secouait.
La Sauvage, elle aussi, s’était jetée sur Sacrais.
— Oh ! je t’arracherai les yeux, hurlait-elle.
Tord-la-Gueule tira à lui la porte bâtarde qui céda sous l’effort.
En même temps, une vieille femme hideuse et d’une saleté répugnante apparut sur le seuil, effarée.
Elle tenait à la main une bouteille dans le goulot de laquelle était plantée une bougie.
— Il paraît qu’t’as les oreilles dures ? fit Tord-la-Gueule.
La vieille s’effaça de côté sans répondre.
— Montons ! commanda Caudirol.