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LES MYSTÈRES DU CRIME

— Mon Dieu, oui, fit le Nourrisseur d’un ton indifférent. Mais j’ai un regain pour la gosse.

— L’Italienne ! je crois bien, dit le père Peignotte. C’est un vrai morceau.

Ça doit être joliment rupin un tendron comme ça.

— Heu ! on s’en lasse… L’autre n’était pas mal… Ah ! ah ! on est obligé de la remonter dans sa chambre, regardez donc. C’est qu’elle lui a fichu un vrai coup de croc, la petite, et au bon endroit.

On emmenait la malheureuse qui poussait des hurlements de douleur et de rage.

Le Nourrisseur se disposait à rejoindre les bandits.

Il se ravisa et s’adressant au père Peignotte :

— Inutile de dire à votre femme que c’est à propos de moi que les femelles en question se tapaient, n’est-ce pas ?

— Entendu, fit le patron.

Le Nourrisseur sortit avec ses acolytes en grommelant :

— Il faut bien mettre un peu la main à la pâte, puisque ce sacré chef choisit lui-même ses coups à faire. Voilà mon emploi fichu.

On se souvient que le Nourrisseur était le pourvoyeur de crimes de la bande.

Il n’y prenait habituellement pas une part active.

Le patron rentré dans l’estaminet répondit à sa femme qui le questionnait :

— Oh ! c’était une misère. Une petite batterie de rien du tout sans coups de couteaux. Ça s’est passé gentiment…


CHAPITRE XIV

Vampirisme.

Deux hommes se promenaient dans l’endroit le plus reculé de la place Armand-Carrel.

— Alors, fit l’un d’eux, vous croyez mon cher maître, que nous trouverons quelque chose qui en vaille la peine dans ce cercueil ?

— Certainement. Je sais que Mme de Cénac a été enterrée avec ses bijoux, et la valeur en est assez élevée.

— À combien l’estimez-vous ?