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LE VAMPIRE

dies… sur les cuisses rondes et charnues de cette femme qu’il avait assassinée.

L’effroyable monomane sentait son cerveau craquer dans le délire de cette contemplation monstrueuse.

Ses lèvres, contractées dans un rictus, laissaient voir ses dents qui claquaient,

Le vampire grimaçait et se tordait sur lui-même.

Affolé de passion, il se précipita sur le corps nu…

Un tressaillement le secouait.

Il n’avait plus aucune notion de la réalité. Son imagination de satyre le transportait dans de lointains et immondes domaines.

Il rêvait tout éveillé d’un enfer où l’on pût étreindre à la fois toutes les hideurs.

Pour mieux s’identifier à son horrible vision, il fermait les yeux.

Mais, brusquement, il se sentit saisir par la nuque et arracher à son ignoble sacrilège.

La raison lui revint comme dans un éclair.

Il essaya de secouer l’étreinte qui le clouait à terre, mais vainement.

Un homme le tenait d’une main de fer.

C’était le Docteur-Noir qui, masqué par les tombes ; avait entrevu tout ce qui venait de se passer.

Au moment où les bandits étaient arrivés, il allait soulever la plaque du caveau.

Il avait résolu, nous le savons, de tenter, dans un tout autre but, la même entreprise que Caudirol.

Il avait surpris l’identité de celui-ci qui, ce jour-là, s’était trahi en disant son nom après les funérailles, devant la tombe.

Le Docteur-Noir avait d’ailleurs juré de venger sur Caudirol l’assassinat des enfants du père Marius.

Il avait attendu dans le cimetière, muni de quelques instruments. En outre, il avait apporté dans un paquet des vêtements de femme pour vêtir la baronne de Cénac, si son incroyable résurrection advenait, comme il en avait la conviction.

Ne pouvant s’opposer à l’expédition des bandits, il les avait laissé faire.

Il avait craint qu’ils ne vinssent à fouiller dans la bière et à trouver la fameuse serviette de maroquin, contenant une fortune.

Tout cela devait, suivant l’étrange expression du mourant, appartenir à celui qui le trouverait.

Moralement, le Docteur-Noir pouvait se considérer comme l’héritier du baron de Cénac.