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Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/287

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LES MYSTÈRES DU CRIME

— Tais-toi, malheureuse !

— Oh ! vous !

— Tu me connais donc ?

— Je suis la femme de votre frère Lucien, le Docteur-Noir ; c’est moi qui ai trompé avec M. Véninger… tué à l’Opéra !

— C’est impossible.

— Si. Je vous le jure. Je suis tombée dans l’état où vous me voyez, n’ayant plus aucune ressource.

Le président la regarda bien en face :

— Vous détestez mon frère ?

— Cent fois plus que vous ne pouvez le faire vous-même, répondit Caroline, et je sais que vous l’exécrez.

Isidore Bartier ajouta :

— Voulez-vous quitter le milieu où vous vivez !

— Oui… Sauvez-moi !

— Je le veux bien. Vous êtes ma belle-sœur. Vous avez donc le droit de vivre chez moi, puisque votre mari, à tort ou à raison, vous abandonne.

— Vous me prendriez avec vous ?

— Oui, car vous êtes la femme qu’il me faut. J’ai des passions, je ne vous le cache pas, mais j’ai une dignité à conserver. Je veux avoir chez moi tous les plaisirs que je rêve.

— Tu les auras !

— Eh bien, viens…

Ils recommencèrent à se tutoyer et causèrent à voix couverte en gagnant la rue Montmartre.

Une voiture passait par hasard à cette heure matinale.

Le président la héla.

— Cité Malesherbes, dit-il au cocher.

Caroline se serra dans la voiture contre le frère de son mari.

— C’est le commencement de la vengeance, fit-elle les yeux brillants.

Le juge eut un sourire sinistre.

— J’aurai eu les deux femmes légitimes de monsieur mon frère. La première de force, la seconde de bon gré : Ça va bien !