Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
299
LES MYSTÈRES DU CRIME

Il attendit quelques minutes.

Le même pas lourd résonna encore, et cette fois la porte s’ouvrit lourdement.

M. le Directeur vous attend.

Flatk traversa un corridor où se tenaient une vingtaine de prisonniers de droit commun, avec le pantalon et la veste grise de la maison.

Des gardiens étaient avec eux.

Jean-Baptiste Flack remarqua avec étonnement les visages apeurés des détenus.

Il n’eut pas le temps toutefois de faire un long examen, car le surveillant lui ouvrit la porte du cabinet.

Cette pièce garnie d’une bibliothèque et d’une table n’avait rien de remarquable en elle-même.

Flack regarda la cheminée et il ne put se défendre d’un mouvement de surprise.

Entre les deux bustes du directeur se trouvait un débris de crâne humain, des tibias desséchés et quelques projectiles.

M. Cuplat regarda son visiteur avec un sourire de triomphe.

— Asseyez-vous là, fit-il en lui désignant un siège. Vous allez assister au rapport. Tous les prisonniers qui ont manqué au règlement vont passer devant moi.

— Ce ne sont pas vos détenus politiques ?

— Non, je n’ai aucun droit de punition sur eux. C’est inique, mais c’est ainsi. Ces messieurs habitent le pavillon à côté. Ils ont chacun une chambre… Mais laissons cela.

M. Cuplat fut interrompu par un surveillant qui, après avoir frappé, pénétra d’un air égaré dans le bureau.

— Monsieur le directeur, fit-il avec effroi, le politique du troisième étage a craché contre le mur, dans l’escalier.

M. Cuplat sauta sur une petite table que Flack n’avait pas encore remarquée.

Il enleva la garniture verte qui la recouvrait.

C’était un petit appareil télégraphique communiquant avec la préfecture de police.

Le directeur envoya une dépêche pour réclamer une punition administrative contre le prisonnier qui venait de cracher contre le mur.

La réponse arriva bientôt.

— Savez-vous ce qu’ils me disent à la préfecture ? exclama M. Cuplat.

— Non pas, répondit Jean-Baptiste Flack.

— Ils me prient de faire essuyer le crachat et de ne pas abuser de la patience des chefs de bureau.