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LE DOCTEUR-NOIR

Elle habitait seule la vaste demeure, depuis que Lydia s’était sauvée.

Son personnel domestique se composait d’une femme de chambre, d’une servante et de trois hommes ; le cuisinier, le jardinier et un valet à tout faire.

Mme Le Mordeley recevait chez elle la société cléricale de Nantes, où elle se faisait remarquer par sa dévotion.

Dans ces conditions, Caudirol, — qu’elle-même ne connaissait pas sous son véritable nom, — avait jugé qu’il serait plus à l’aise en agissant isolément.

Elle était donc repartie pour quelque temps.

— Et maintenant, ajouta-elle, il s’agit de relancer Titille.

— Elle quitte Saint-Lazare demain matin, fit Sacrais, il n’y a pas de temps à perdre.

— Il faut prévenir les amis.

— En effet, approuva Sacrais, il est utile de leur mettre sous les yeux un exemple terrible. Ce sera une menace pour ceux qui voudraient nous trahir.

— À propos, vivent-ils toujours en bonne amitié ?

— Oui, pour l’instant, tout va bien. L’argent ne manque pas encore.

— C’est tout ce que je voulais savoir. Je vais maintenant chez la mère Poivre-el-Sel. C’est là où l’on pourra me trouver à l’occasion.

— Nous nous reverrons demain matin ?

— Oui, à huit heures devant Saint-Lazare.

— C’est le moment de la sortie des libérées.

— Je le sais. Ah ! mieux vaudrait pour Titille ne jamais sortir de prison !…

Et, ce disant, elle quitta la maison de Sacrais…


CHAPITRE IV

La prospérité de Mme Poivre-et-Sel.

La Sauvage, ayant pris tous ses arrangements pour l’exécution projetée, se rendit chez Mme Poivre-et-Sel.

Elle arriva rapidement jusqu’à l’établissement de celle-ci.

Sans hésiter, elle entra, indifférente aux observations de quelques jeunes gens qui passaient sur le même trottoir.