Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
395
LES MYSTÈRES DU CRIME

Il se déclarait à lui-même que ce serait folie de conserver la moindre espérance…

Et malgré lui… il espérait !


CHAPITRE II

L’avocat d’office.

Lucien Bartier s’attendait à voir sa détention se prolonger.

Ce fut avec stupéfaction qu’il apprit brusquement que l’instruction de son affaire était terminée et que la Chambre des mises en accusation venait de décider son renvoi en Cour d’Assises.

L’ordre parvint au greffe de Mazas de lever l’écrou de l’accusé, qui fut transféré en voiture cellulaire à la Conciergerie.

Tout espoir disparaissait.

Néanmoins le Docteur-Noir se trouva heureux dans son malheur.

À la maison de justice de la Conciergerie, il était seul dans sa cellule.

La vie à trois à Mazas, cette promiscuité de tous les instants avec des espions, la prévention enfin avec ses angoisses, ses humiliations et ses tortures, tout était terminé.

Son sort allait être débattu au grand jour de la Cour d’Assises.

Il ne tarda pas à recevoir la visite d’un avocat qui lui avait été désigné d’office.

Son assignation venait de lui être signifiée.

L’avocat du Docteur-Noir était un homme encore jeune et inexpérimenté.

Pour lui, c’était une occasion de se mettre en relief.

Il se présenta à la Conciergerie rempli de joie de la bonne fortune qui lui arrivait.

On le conduisit chez son client inattendu.

Le Docteur-Noir reçut son avocat avec cette réserve mêlée de lassitude qui était, le fond de son tempérament.

— Je suis maître Lavigne, dit de prime abord le débutant d’un ton de fatuité. Je suis chargé de vous défendre. Si jamais affaire a présenté un caractère de gravité extrême, c’est bien la vôtre. Nous aurons de la peine