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LE DOCTEUR NOIR

CHAPITRE III

Les Assises.

La salle des Assises était assiégée par la foule des carieux.

Le procès du Docteur-Noir devait passer ce jour-là.

On était au samedi.

Jamais procès n’avait autant passionné l’opinion publique. La situation distinguée qu’avait occupée l’accusé ainsi que le côté obscur de son affaire poussaient la curiosité à l’excès.

Le prétoire et jusqu’à l’estrade où allaient siéger les juges en robe rouge étaient remplis de dames qui avaient obtenu la faveur d’une carte d’entrée.

Une rumeur discordante s’élevait de la foule.

Mais bientôt le silence se fit.

Juges et jurés pénétraient dans la salle.

Après les formalités d’usage, ils se retirèrent pour procéder au tirage des jurés.

C’est dans une pièce voisine que cette élection se faisait.

Le public aurait certes voulu être admis à contempler cette sinistre loterie.

Devant une table garnie d’un lourd tapis se tenait le président des Assises, ayant à ses côtés les juges et l’avocat-général.

Derrière les magistrats nous retrouvons le Docteur-Noir et son avocat.

De l’autre côté de la table et pleins d’une gravité émue, qui n’était pas sans un côté comique, les jurés de la session étaient massés.

Le président prit une urne et secoua les morceaux de bois portant le nom des quarante jurés.

Me Lavigne crut devoir dire à son client :

— Ne vous impressionnez pas. Contenez-vous.

Le docteur sourit.

— Oh ! n’ayez crainte, les pantins vêtus de rouge qui jouent ici la comédie me laissent bien indifférent. Et quant à ces bons lampistes ou épiciers qui vont décider de mon existence, ils ne me produisent pas plus d’effet que s’ils étaient dans leur boutique.

L’avocat fut confondu.