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LE DOCTEUR-NOIR

Caudirol détourna la tête, essaya de se dégager, bégaya quelques mots inarticulés et, comme si la plus violente passion l’écrasait et lui faisait perdre la raison, il se jeta éperdument aux pieds de madame Le Mordeley.

Ce fut au tour de la pauvre femme à s’abandonner à la faiblesse de ses sens.

Mais elle, du moins, ne jouait pas la comédie.

Elle avait, pour le faux duc de Lormières, un amour sans borne.

Cet homme étrange, d’une beauté fatale, exerçait sur elle un empire absolu.

— Relevez-vous, je vous en prie, dit-elle d’une voix tremblante.

— Non ! s’écria Caudirol qui continuait de jouer son rôle. Je resterai à vos pieds jusqu’à ce que vous m’ayez dit… que je puis espérer.

Madame Le Mordeley était en proie à une surexcitation nerveuse qui ne lui permettait pas de joindre deux idées.

Elle rayonnait de bonheur et sans réfléchir, délirante, folle d’amour, elle ouvrit les bras à son adorateur.

Caudirol enlaça la crédule héritière.

— Je vous aime, fit-il dans un baiser.

— Et moi aussi, murmura madame Le Mordeley en abandonnant ses lèvres au misérable.

Le bandit en était arrivé à ses fins.

La malheureuse était prise au piège.

Pâmée, elle se cramponnait au cou de Caudirol.

Il restait indécis…

Mais, tout à coup, il se dégagea et courut fermer la porte au verrou.

Madame Le Mordeley reprit sa raison durant une minute.

— Non, non ! gémit-elle. Je ne veux pas.

Caudirol était revenu vers elle et l’avait attirée plus étroitement contre lui.

Elle ne résista plus et s’abandonna tout entière en fermant les yeux.

Le défroqué la saisit et la coucha doucement sur un canapé.

En même temps, il collait ses lèvres contre celles de sa victime.

Un frisson de volupté secoua le corps de madame Le Mordeley qui se livra avec ivresse aux caresses de son amant.