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LES MYSTÈRES DU CRIME

d’acier de la taille d’une barre ordinaire : la première gâche tient la cellule fermée ; la seconde lui laisse un entrebâillement de 10 centimètres au plus, destiné à laisser entendre la messe ; les détenus des deux ou trois premières cellules peuvent même voir le prêtre à l’autel du rond-point.

Aux deux tiers de la hauteur de la porte s’ouvre une planchette mobile appelée guichet ; au niveau de ce guichet et à l’intérieur de la cellule, se trouve placée une planchette demi-circulaire maintenue par un support. Cette tablette reçoit la nourriture du détenu. Le guichet a un petit judas vitré d’un diamètre de 1 centimètre, il est évidé à l’intérieur sur une circonférence de 6 centimètres.

La surveillance peut s’exercer ainsi à l’insu du prisonnier : un bouton de cuivre placé à l’extérieur permet de fermer ou d’ouvrir à volonté cette ouverture masquée par une plaque en fer.

Ce judas est d’une grande utilité pour suivre dans tous ses mouvements le détenu placé sous la surveillance ; il est vrai de dire qu’il peut s’assurer que la plaque est remplacée par un œil humain.

La police s’en sert pour reconnaître les individus dont l’identité est suspecte. Une catégorie d’agents est spécialement chargée de ce soin ; elle a une connaissance plus ou moins exacte du visage des gens déjà condamnés qui tous sont examinés dans un cabinet spécial au Dépôt et photographiés.

Le numéro de la cellule est peint en forts caractères blancs et sous ce numéro se trouvent deux clous l’un au-dessus de l’autre.

Au premier clou reste attachée pendant tout le temps de la détention une plaque noire portant en lettres blanches quelques indications : la division, l’étage, le numéro de cellule ; en la retournant on lit : au Palais.

On sait ainsi quand le détenu est absent qu’il est à l’instruction ou en jugement.

Une autre plaque beaucoup plus petite contient seulement le numéro de cellule. Elle est remise au détenu chaque fois qu’il sort de chez lui, soit pour aller au greffe, au parloir, au bain, à la promenade ou pour tout autre motif.

Primitivement on avait décidé d’ajouter intérieurement, derrière la porte, des barreaux de fer et des grilles ; ce projet insensé et inutile ne fut abandonné que sur des protestations faites à la Chambre des députés.

On fit justement observer qu’à Mazas les détenus seraient beaucoup plus mal sous tous les rapports que les bêtes fauves du Jardin des Plantes.

Au fond de la cellule, c’est-à-dire en face de la porte, à deux mètres de hauteur, est une ouverture pratiquée, pour donner de l’air. Elle est assurée contre toute tentative d’évasion par sept forts barreaux de fer et garnie d’un vasistas divisé en quatre vitres de verre cannelé ; son entrebâillement est à peine de vingt centimètres à sa plus grande élévation et le détenu n’y