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LES MYSTÈRES DU CRIME

Il ne s’adressait qu’aux sens.

L’amour réel n’existait pas dans cette nature sauvage.

D’ailleurs, et c’est compréhensible, il ne prenait dans ses filets que des créatures détraquées par la dévotion ou l’hystérie.

La baronne de Cénac, la Sauvage, et, à présent, madame Le Mordeley, telles avaient été ses maîtresses.

Ces nymphomanes n’avaient pu résister à la puissance effrayante de cet homme en rut, de ce vampire !

Il les attirait à leur perte comme la lumière attire le papillon.

Madame Le Mordeley se tordait dans ses bras, se frottant contre lui avec des câlinements de chatte énervée, lui jetant des regards suppliants et pâmés.

Caudirol la baisa longuement dans la bouche, la mordant avec ivresse.

Sa nature indomptable rugissait devant les agacements de cette femme amoureuse.

Il la brisait contre lui, ouvrant son peignoir et dénouant la faveur rose qui fermait la dentelle de sa chemise et cachait sa poitrine.

Elle renversait la tête avec un rire cassé, cherchant les lèvres de son amant, buvant sa salive, avec des secousses nerveuses qui la faisaient vibrer comme la lyre sous la main de l’artiste.

Artiste, en effet ! ce Caudirol, cet homme dont l’existence s’écoulait dans un immense besoin de sentir la femelle, de se rouler sur un ventre de femme, savourant la douceur des parfums de la chair, léchant et mordant comme une bête, s’égarant dans la mystérieuse et brûlante sensation de l’amour. Artiste de la chair ! être incompréhensible, rendu fou par le célibat de sa jeunesse, ne rêvant que la morsure désespérée et furieuse d’une femme passionnée et délirante, frémissant sous la suprême caresse de l’homme idolâtré.

Non, madame Le Mordeley n’était plus la bigote prude et hypocrite qui avait tyrannisé la malheureuse Lydia.

Elle était belle aujourd’hui et, dans ses emportements, dans sa rage d’être aimée et prise, il y avait de la superbe et fauve passion qui anime la lionne à la vue du mâle en rut.

Caudirol se remplissait, pour ainsi dire, de cette électricité, de ce magnétisme subtil que dégage la femme. Il regardait, il touchait avec une jouissance sans pareille les seins doux et blancs de sa maîtresse, l’embrassant sous les bras.

Enfin, il la renversa sous lui pour trouver la dernière sensation de sa fièvre, le spasme final de sa crise d’amour !

Le soir montait dans la campagne silencieuse.