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LE VAMPIRE

— Son concurrent, M. Dublair, son concurrent ! croyez-en l’honnête Jean-Baptiste Flack. Médecin et bourreau, voyez-vous, c’est tout comme. Mais vous travaillez franchement au moins, vous ! À la bonne heure !… Et quel bistouri que le vôtre !…

Le domestique de Lucien Bartier montrait du doigt le glaive qui brillait dans la nuit.

M. Dublair, ne put se défendre d’un sentiment de terreur.

Jean-Baptiste Flack le regardait dans les yeux, jouissant de sa frayeur.

Il devait y avoir entre ces deux hommes un secret qui allait se faire jour.

C’est ce qui arriva.

— Je n’abuserai pas de vos instants, cher monsieur Dublair, fit Jean-Baptiste Flack, car vos occupations vous réclament.

En effet, l’heure de l’exécution approchait.

Des gendarmes à cheval qui venaient d’arriver se rangèrent en demi-cercle autour de l’échafaud.

L’aumônier traversa la foule.

Il entra dans la prison.

M. Dublair, semblait être un spectateur indifférent et anodin.

On n’eût jamais pensé qu’il dût jouer un rôle aussi important dans le drame qui se préparait.

— Voyons, monsieur Flack, dit-il encore à son étrange interlocuteur, que me voulez-vous ? Parlez.

— Je veux vous être agréable, cher monsieur Coupe-Toujours. Je vois avec regret que l’un de vos aides manque de tenue. Il est je crois dans les vignes du Seigneur. Veuillez le prier de me céder sa place.

— Vous plaisantez, monsieur Flack, dit le bourreau avec un étonnement sans pareil.

— Pas le moins du monde, c’est très sérieux.

M. Dublair, eut une minute de réflexion ; après quoi, il se dirigea vers l’un de ses aides qui, effectivement, paraissait s’être grisé.

— Charles, fit-il à demi-voix, tu vas décamper. Tu es encore saoûl, animal.

L’aide essaya de protester.

Le bourreau fit un geste qui n’admettait point de réplique.

— Va-t-en !

Et il le poussa vers les groupes de curieux.

Il se retourna vers Jean-Baptiste Flack.

— C’est ce que vous désiriez ?

— Parfaitement. Je n’ai plus qu’à entrer en fonctions.

— Puis-je savoir ?…

— Mon Dieu oui, je travaille pour le compte de mon maître.

— Il s’agit d’une expérience ?