Page:Moselli - Le Messager de la planète, 1924.djvu/42

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Oui. Mais c’était à peine s’il restait une livre de pemmican !

Les deux hommes, ce jour-là, avalèrent chacun cinquante grammes de nourriture et, du reste de leur esprit-de-vin, se confectionnèrent une dernière tasse de thé.

Densmold, bien que le plus âgé, avait encore quelque force, mais Wallens semblait réduit aux dernières limites de la faiblesse.

Ils décidèrent de se reposer quelques heures avant de repartir.

Ventre vide, tempes battantes d’anémie, ils s’étendirent côte à côte dans leurs sacs de couchage.

Vers le milieu de la nuit, Wallens, qui ne dormait pas, vit soudain son compagnon se glisser hors de son sac, fourrer dans sa ceinture le petit paquet contenant le reste du pemmican, plier son sac et le fixer sur ses épaules.

Il comprit : Densmold, qui, à plusieurs reprises, lui avait reproché de le retarder, allait l’abandonner, afin d’aller plus vite et de garder pour lui seul les bribes de provisions qui constituaient leur dernière ressource.

— Densmold ! appela-t-il, comme malgré lui.

L’astronome se retourna :

— Ah ? vous êtes réveillé ? dit-il froidement. Eh bien ! oui, je vous laisse ! nous péririons tous