Elles parlaient de chiffons, de robes, de bals prochains. Leurs amies allaient se marier, et ce mot de mariage seulement prononcé, comme par un mystérieux enchanteur, les rendait rêveuses.
La rieuse, qui s’appelait Jeanne et était la fille d’un riche fermier de l’endroit, avouait que son choix était fait depuis longtemps. Puis, curieuse, elle interrogeait sa compagne, avec des détours habiles et précautionneux. Une fièvre les gagnait à parler d’amour : leurs voix tremblaient, chuchotantes, et leurs mains, furtives, se cherchaient dans la nuit pour des caresses destinées à d’autres.
La brune, Marthe Thiriet, fille du garde forestier, se dérobait aux interrogations, gardait son grand sérieux de personne réfléchie, qui ne confie pas ses secrets à la légère.
Se marier ! Elle n’y pensait pas. Son père et sa mère avaient besoin d’elle dans leur ménage.
Jeanne leva le doigt, fit trois tours de valse dans la chambre, et, prenant ce ton mi-sérieux, mi-plaisant qui lui était habituel, elle dit :
— Pas de cachotteries. Le jour où Pierre Noel te demandera, tu ne feras pas tant de façons.
Puis elle sortit dans un éclat de rire.
Marthe avait tressailli.
La nuit venait. Une bande d’or rayait le couchant et les sapins de la côte se détachaient si vigoureusement sur ce fond de lumière, qu’on aurait pu compter leurs branches une à une.
Marthe restait à sa fenêtre, appuyée à la vitre froide, dont le contact rafraîchissait son front.
C’est vrai qu’elle aimait ce Pierre Noel. Elle n’avait