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Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/266

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naient entre eux une signification. Les menus soins dont il l’entourait par galanterie, un caillou qu’il écartait du sentier, une branche d’arbre qu’il détournait sur son passage, tout cela enveloppait Thérèse d’une affection.

Une pluie d’or, tombant à travers les branches, criblait l’ombre glacée des noyers. De chaudes lueurs couraient sur le gazon fin et mordoraient les mousses.

Ces clartés mouvantes noyant les traits de Thérèse, elle lui apparut plus désirable encore, dans la blouse de soie écrue, qui moulait sa taille. Une large ombrelle de mousseline blanche mettait sur son teint ambré une ombre doucement tamisée.

La montée devint plus rude et Thérèse soufflait, toute rose de cette course en plein air. Ils se laissèrent tomber au pied d’un pommier et tout de suite ils se prirent les mains.

Un charme profond et tendre émanait des grands arbres, debout dans la lumière. À leurs pieds coulait une pièce de trèfle incarnat, où de gros bourdons bleus erraient, animant les rais de soleil de la vibration chantante de leurs ailes. Du fond des vergers ombreux s’exhala une odeur de mirabelle, délicate et fine, qu’ils respirèrent avec ivresse.

Alors ils firent des projets d’avenir. Quand ils seraient mariés, dans quelques mois, ils se permettraient, les dimanches, des escapades en plein air, par des journées pareilles à celle-là.

Une source coulait à deux pas, un mince filet d’eau tombant d’un conduit de bois. Il fit un creux de ses paumes rapprochées et Thérèse put étancher sa soif. Quand ce fut son tour, il lui mangea les poignets et les