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Page:Mother Earth - Vol. 2, n° 1, March 1907.djvu/543

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que la conscience prend une part de plus en plus importante dans l’orientation des problèmes sociaux ; si elle est, pour le moment, une voix mineure (et le restera encore longtemps), elle représente cependant un pouvoir croissant qui menace de renverser les vieux processus et les vieilles lois, de les remplacer par d’autres pouvoirs et d’autres idéaux. Je ne connais pas de perspective plus fascinante que celle du rôle de la conscience dans l’évolution présente et à venir. Ce n’est pas l’objet de notre réflexion aujourd’hui. Je n’évoque la conscience que parce que, en décrivant notre conception actuelle du bien-être, j’avancerai de nouveau l’hypothèse que le vieil idéal a été considérablement modifié par des réactions inconscientes.

La question devient alors : quel est l’idéal en germe dans notre société, idéal qui n’est pas encore consciemment formulé mais dont on perçoit des signaux et que l’on commence à discerner ?

D’après tous les indicateurs du progrès, cet idéal me semble être la liberté de l’individu ; une société dont l’organisation économique, politique, sociale et sexuelle assurera et augmentera constamment les possibilités de ses différents éléments ; dont la solidarité et la continuité dépendront de l’attraction libre de ses composantes, et en aucun cas ne reposera sur l’obligation, quelles qu’en soient les formes. Si vous ne décelez pas, comme moi, que telle est la tendance sociale actuelle, vous ne serez sans doute pas d’accord avec le reste de ma démonstration. Car il serait trop facile de prouver que le maintien des vieilles divisions de la société en classes, chacune d’elles accomplissant des fonctions spécialisés — prêtres, militaires, ouvriers, capitalistes, domestiques, éleveurs, etc. — que ce maintien, donc, est en accord avec la force croissante de la société, et donc que le mariage est une bonne action.

Ma position, le point de départ à partir duquel je mesurerai une bonne ou une mauvaise action, est la suivante : la tendance sociale actuelle s’oriente vers la liberté de l’individu, ce qui implique la réalisation de toutes les conditions nécessaires à l’avènement de cette liberté.

Second point :

Ma position sur le mariage

Il y a quinze ou dix-huit ans, je n’étais pas encore sortie du couvent depuis assez longtemps pour avoir oublié ses enseignements. Je n’avais pas encore assez vécu ni accumulé assez d’expériences pour fabriquer mes propres définitions. Pour moi, le mariage était « un sacrement