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Page:Mother Earth - Vol. 2, n° 1, March 1907.djvu/548

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cette loi agit de façon perverse. Cet instinct qui survit fait partie de la structure de l’être humain, il n’est pas obligé de se justifier ni forcé d’être satisfait. Je suis persuadée, néanmoins, que plus la conscience des hommes se développe, ou, en d’autres termes, plus nous devenons conscients des conditions de la vie et de nos relations dans ce cadre, de leurs nouvelles exigences et de la meilleure façon de les satisfaire, plus les instincts inutiles se dissocieront rapidement de la structure de l’être humain.

Comment se présente la guerre contre la nature aujourd’hui ? Pourquoi, alors que nous sommes presque au bord d’une catastrophe planétaire, sommes-nous certains de la conquérir ? La conscience ! La puissance du cerveau ! La force de la volonté ! L’invention, la découverte, la maîtrise des forces cachées. Nous ne sommes plus obligés d’agir aveuglément, de chercher sans cesse à propager l’espèce pour fournir à l’humanité des chasseurs, des pêcheurs, des bergers, des agriculteurs et des éleveurs. Par conséquent, le besoin initial, qui a créé l’instinct de reproduction prolifique, a disparu ; il est voué à disparaître, il est en train de mourir, mais il disparaîtra plus rapidement si les hommes comprennent de mieux en mieux la situation globale.

Plus les cerveaux ont une production prolifique, plus les idées s’étendent, se multiplient et conquièrent de pouvoir, plus la nécessité d’une reproduction physique abondante décline. Tel est mon premier point. Donc l’épanouissement de l’individu n’implique plus nécessairement d’avoir de nombreux enfants, ni même d’en avoir un seul. Je ne veux pas dire que, bientôt, plus personne ne voudra avoir d’enfants, et je ne prophétise pas le suicide de l’espèce humaine. Simplement, je pense que moins d’hommes et de femmes naîtront, plus il y aura de chances que ceux-ci survivent, se développent et réalisent de projets. En fait, la confrontation entre ces différentes tendances a déjà amené la conscience sociale actuelle à prendre cette direction.

La reproduction et les autres besoins humains

Supposons que la majorité des hommes et des femmes désirent encore, ou même, allons plus loin, admettons que la majorité désirent encore se reproduire de façon limitée, la question est maintenant la suivante : ce besoin est-il essentiel au développement de l’individu ou y a-t-il d’autres besoins tout aussi impérieux ? S’il en existe d’autres, aussi essentiels, ne doit-on pas les prendre également en compte lorsque l’on veut décider de la meilleure manière de conduire sa vie ? S’il n’existe pas d’autres besoins aussi vitaux, ne doit-on pas quand même se demander si le mariage