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lité ; le reste est composé de marchands chinois, de quelques Annamites païens et de Siamois. Les seconds sont tous des pêcheurs, descendant d’Annamites de même profession, qui, venus de Cochinchine pour pêcher au nord du golfe de Siam, s’établirent peu à peu à Chantaboun. Tous les jours, tant que dure la saison froide et que la mer n’est pas trop forte, ils vont tendre leurs filets dans les petites baies du littoral ou dans les bassins que forment les îles entre elles.

Le commerce de cette province n’est pas considérable, comparativement à ce qu’il pourrait être ; mais les nombreuses taxes, les corvées continuelles imposées au peuple par les chefs, puis l’usure et les prévarications des mandarins, ajoutées à l’esclavage, accablent, ruinent les familles et stérilisent le travail. Cependant, quoique la population ne soit pas nombreuse, on exporte à Bangkok une assez grande quantité de poivre que les Chinois principalement cultivent au pied des montagnes, un peu de sucre et de café d’une qualité tout à fait supérieure, et enfin des nattes faites de joncs, très-jolies, et qui se vendent très-avantageusement en Chine ; du tabac, une quantité de poisson sec et salé, ainsi que des bichos-di-mar ou holothuries de mer séchées, et de l’écaille de tortue que pèchent les Annamites païens.

Tout sujet siamois, dès qu’il a atteint la taille de trois coudées, est soumis à un impôt ou tribut annuel équivalant à 6 ticaux (18 francs) ; les Annamites de Chantaboun le payent en bois d’aigle, les Siamois en gomme-gutte. Le tribut des Chinois se paye en gomme laque, et seulement tous les quatre ans ; il n’est que